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Entretien avec Nejma, en première année à Sciences Po, Campus de Menton

Pour commencer, pouvez-vous vous présenter ?

Je m’appelle Nejma*, j’ai 18 ans et je viens de région parisienne. J’ai intégré en Première année Sciences Po sur le campus de Menton et je souhaite orienter mes études vers le domaine juridique, avec pour ambition de devenir avocate privatiste.

 

Qu’est-ce qui a motivé le choix du programme Moyen-Orient Méditerranée de Menton ?

J’ai toujours su que je voulais devenir avocate. Au départ, je pensais me tourner vers le droit pénal puis certaines réalités du monde du travail rencontrées durant mes stages m’ont poussée vers le droit des affaires, axé justement sur la région MENA où les litiges relatifs aux enjeux du pétrole et du gaz sont particulièrement forts. C’est assez fou, mais toute ma motivation s’est basée sur un séminaire donné lors de la deuxième année du Collège Universitaire à propos des modes alternatifs de résolutions de conflits en région MENA, qui vaut 3 crédits sur l’ensemble de mon Bachelor (rires). En intégrant Sciences Po après mon baccalauréat, je savais que j’aurais tout le temps par la suite de me spécialiser dans le droit et je voulais me laisser la possibilité d’étudier des thématiques que je n’aurais pas forcément pu voir en licence de droit classique.

 

Quelles sont les particularités du campus mentonnais ?

En ce moment même, j’ai le soleil qui éclaire mon appartement (rires). Au-delà du cadre idyllique, c’est un campus qui se concentre sur la région Méditerranée-Moyen Orient ; quand on parle de « Méditerranée », cela concerne au maximum l’Italie sur le continent européen. Sinon, l’attention se porte sur la partie sud de la mer, comptant notamment l’Afrique du Nord. Je dirais qu’au premier semestre nous n’étudions pas énormément cette région, hormis lors d’une conférence de méthode à propos des « printemps arabes ». Il y a quelque chose de fondamental, que je n’avais pas compris avant d’arriver sur le campus, c’est que mon parcours ne serait pas uniquement spécialisé sur la région MENA, mais bien que ces connaissances viendraient en complément de cours sur le continent européen. À aucun moment les cours du premier semestre de Sociologie, ou ceux d’Économie (ce dernier étant sur Zoom car le professeur Philippe Martin est également enseignant sur le campus de Paris), n’ont mentionné les pays de cette région. Nous suivons donc le même programme que celui donné aux étudiants de Paris, à l’exception des quelques cours axés sur les rapports entre l’Empire Ottoman et l’Europe. La spécialisation MENA vient comme un bonus et non comme un enseignement qui se ferait au détriment du bagage de culture générale relatif au continent qui est le nôtre et qui reste nécessaire. Néanmoins, nous avons davantage de choix et de liberté au fur et à mesure que nous avançons dans notre scolarité, à l’image des cours de Sciences Politiques qui s’orientent progressivement sur la région MENA dès le second semestre.

Au-delà des enseignements, cette culture méditerranéenne et moyen-orientale se transmet grâce à nombre d’associations tel que Sciences Po Med Liban aidant des réfugiés aussi bien que la population locale, comme lors des explosions du port de Beyrouth le 4 août 2020, évènement pour lequel l’association s’est directement rendue sur le terrain. Ils organisent également de nombreuses initiatives comme un voyage en Tunisie. Il y a aussi l’association Med MUN qui organise des débats au mois d’avril et dont tous les comités sont orientés vers la région MENA. Moi-même je me suis engagée dans la Junior Consulting, qui a une antenne mentonnaise, car elle me permettra à terme de lancer mes propres projets autour de cette région. J’avais aussi adhéré à une initiative étudiante qui visait à faire de l’orientation auprès de lycéens habitant au Maghreb, mais, malheureusement, celle-ci n’a pas vu le jour en raison de la fermeture des frontières avec la Tunisie. Au niveau des langues, avec un niveau C1 en anglais et B1 en arabe, il est possible de prendre de manière optionnelle le perse, l’hébreu ou même le turc. Enfin, la bibliothèque est très riche et il me semble que c’est la seule parmi tous les campus à avoir des écrits originaux en langue arabe, telles que des exégèses. De fait, il y a de multiples clins d’œil à cette région tout au long de la vie étudiante.

 

Ayant déjà une idée de carrière claire et précise, souhaitez-vous vous réorienter et demander d’autres écoles et formations pour votre Master ?

Sans faire une analogie totale avec les Grandes Écoles de commerce, Sciences Po reste une école diplômante à partir du niveau Bac+5. On est considéré comme réellement diplômé de l’Institut d’Études Politiques à partir du Master 2. Mon principal dilemme a été de trouver la manière de combler mes lacunes en droit naturellement impliquées par la formation pluridisciplinaire prodiguée à Sciences Po. Je pense justement pouvoir le résoudre en effectuant un Master Droit économique pour travailler, dans l’idéal, au sein des nouvelles technologies, leur rapport avec la finance, leur structuration juridique… Je constate d’ailleurs que nous avons de plus en plus de contenus de ce type au sein de l’École de Droit.

 

Selon vous, qu’est-ce qui dans votre profil atypique a été décisif pour votre admissibilité puis votre admission à Sciences Po ? 

Deux choses : ma détermination et la précision de mon projet professionnel. Dès le lycée, lorsque la conseillère d’orientation m’a demandé ce que je désirais faire plus tard, j’ai répondu « du droit de l’arbitrage commercial international ». J’ai par la suite sollicité de nombreux professionnels dans le but de me renseigner, d’en savoir plus tant sur la partie strictement scolaire du métier que sur ses aspects pratiques. J’ai donc alimenté cet intérêt par des éléments concrets, me créant un certain bagage de stages auprès d’avocates, de séminaires sur la géopolitique des ressources naturelles… ce qui a renforcé la cohérence de mon profil. Je ne dis pas qu’il faut absolument faire du droit de l’arbitrage (rires), mais qu’il peut être avantageux d’avoir une idée de carrière précise, y compris lorsque cette dernière n’entre pas totalement dans la formation Sciences Po. Mais aussi, et surtout, malgré la précision de mon profil, j’ai montré aux examinateurs et membres de jury une ouverture d’esprit sur d’autres disciplines et champs d’études qui a automatiquement répondu à la question « Pourquoi ne faites-vous pas une licence de droit ? ».

 

Comment s’est passée votre rentrée sur le campus ?

J’ai raté ma semaine d’intégration à cause de problèmes de logement ! Malgré tout, dès mon arrivée j’ai ressenti l’esprit familial propre au campus. Il n’y a aucun clivage entre étudiants de Première et Deuxième année, tout le monde semble ouvert, tout le monde… y trouve son compte, même au regard des divergences politiques. Il y a vraiment cet esprit de cohésion et une bonne ambiance. Et puis le BDE a beaucoup contribué à cette intégration : des évènements ont notamment été organisés avec les étudiants de section English Track effectuant des doubles diplômes internationaux avec Columbia, Berkeley et pleins d’autres universités prestigieuses. Le seul bémol est que nous n’avons pas d’espace cafétaria (rires).

 

De manière rétrospective, quel regard adoptez-vous sur la réforme de la procédure d’admission à Sciences Po Paris et aux campus délocalisés ? 

Selon moi, cette nouvelle procédure d’entrée met l’accent sur le profil de chacun en complément des notes fournies. Je pense que cette réforme m’a donné espoir parce que j’ai su que je voulais faire Sciences Po à la fin de la Première, alors que mon dossier était marqué par une entrée au lycée avec 12 de moyenne, sans encore pouvoir inscrire que j’avais terminé ma Terminale à près de 18 de moyenne. Je me suis alors rendu compte que c’était faisable, parce que j’avais des choses à raconter et un objectif précis, en plus d’être extrêmement déterminée.

 

Qu’est-ce que vous redoutiez en préparant ce « nouveau concours » ?

Lorsque je me suis rendue au stage de préparation d’Ipesup,  je me suis dit « je suis dans la cour des grands ». J’ai pris conscience qu’il fallait que je m’investisse encore davantage pour faire la différence et exploiter au maximum les ressources autour de moi. Mais ce qui m’a surtout fait peur, c’est le processus Parcoursup. Je craignais qu’on ne me laisse pas dire ce que j’avais à dire entre la limite de caractères et la masse importante de dossiers par examinateurs. Je m’étais véritablement investie dans ces écrits, je les avais faits et repris allant toujours plus loin à partir des conseils données par les correcteurs d’Ipesup. Ma phobie était donc que mon dossier soit noyé parmi tant d’autres que je ne puisse me démarquer.

 

Sur la continuité pédagogique, diriez-vous que ce que vous avez appris à IPESUP vous est encore utile maintenant que vous êtes à Sciences Po ? 

Tout à fait ! Les cours de soft skills me servent encore aujourd’hui. Des choses qui paraissent anodines comme le contact visuel, ou les temps de silence, ou le fait de capter l’attention d’un jury qui voit passer des candidats toute la journée, … sont des enseignements essentiels. En plus des softs skills, le contenu des cours m’a apporté un capital culturel encore exploitable, comme c’est le cas au niveau de l’analyse d’image. Tous ces mécanismes disons… subtiles, l’ensemble de ces codes m’ont été vraiment d’une aide précieuse dans le cadre de présentations orales et m’auraient été utiles même en cas d’échec à Sciences Po.

 

Pourquoi avoir choisi IPESUP et qu’y avez-vous appris ?

Un membre de ma famille a vu qu’Ipesup donnait des cours intensifs durant les vacances scolaires et a donc réservé ma place en décembre sachant qu’il en restait très peu. J’avais moi-même assisté aux réunions d’informations et la communication ainsi que l’accompagnement personnalisé mis en avant par le directeur de la préparation étaient réels lors de la formation. Sur la forme, Ipesup m’a aidée à structurer mes idées autour de ma passion pour la région MENA et l’influence des enjeux économiques, juridiques et environnementaux du pétrole sur l’évolution des sociétés contemporaines. J’ai ensuite compris comment cet intérêt faisait écho à mes engagements personnels et enfin de quelle manière mettre en avant la singularité de cette mosaïque qui m’est propre. Aussi, pour l’oral, j’ai vraiment bien été préparée parce que j’ai pu avoir des retours objectifs provenant de membres de jury qui ne me connaissaient pas. J’ai alors pu être mise en condition durant les oraux blancs. Sur le fond, Ipesup a vraiment réussi à établir un lien de confiance en répondant rapidement et efficacement à mes questions, en mettant en place différentes formats très proches des conférences et cours magistraux propres aux études supérieures et en faisant intervenir des étudiants de Sciences Po nous aidant à retravailler nos écrits et mieux nous connaitre. J’en savais considérablement plus sur moi lorsque je suis sortie d’Ipesup. Nous avons donc été aidés à la fois sur le fond et sur la forme, et c’est pour toutes ces raisons que je recommande la prépa aujourd’hui.

 

Quel a été votre meilleur cours, professeur ou intervenant à IPESUP ?

Concernant les intervenants, j’avais été très marquée par la plume du gouverneur de la Banque de France, qui m’avait d’ailleurs donnée son contact ! C’était tellement passionnant de l’entendre parler de l’impact de la Covid sur l’économie réelle qu’elle a déclenché chez moi un très fort intérêt pour la finance.

J’avais aussi choisi de suivre à la fois la préparation à la procédure d’entrée de Sciences Po Paris et des campus délocalisés mais également celle du Concours commun des IEP de Région, même si je n’étais pas dans l’optique de passer les épreuves. C’est en suivant cette double préparation que j’ai pu avoir de nombreuses heures avec mon professeur l’histoire à Ipesup : il était génial !! Que ce soit avec ce professeur ou le reste du corps pédagogique, il y avait un vrai lien humain entre préparationnaires et enseignants, eux-mêmes me considérant non pas comme un dossier mais bien comme une étudiante qui avait toutes ses chances d’intégrer Sciences Po, et je leur en suis très reconnaissante.

 

Quel conseil donneriez-vous à un ou une élève qui souhaiterait rejoindre Sciences Po ?

D’être lui ou elle-même, sans complexe. Sciences Po nous donne l’occasion de valoriser l’ensemble de notre profil, notre personnalité et de transformer positivement certains leviers d’autocensure. Le but est de faire un travail d’introspection nous permettant d’en apprendre plus sur nous-mêmes et donc de mieux en parler. En parallèle, n’hésitez pas, dès la Seconde, à apprendre pour apprendre !! Ne vous limitez jamais au strict minimum, mais allez toujours chercher au-delà des connaissances qu’on pourrait vous offrir. C’est la meilleure façon d’en savoir davantage et c’est ce savoir que nous gagnons en complément de notre parcours scolaire qui nous sert le plus pour intégrer toute filière sélective.

 

 

* Le prénom a été modifié.

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