Bac de français – l’épreuve écrite : le commentaire de texte

L’enseignement en classe de Première poursuit, pour les élèves de toutes les sections du lycée d’enseignement général et technologique, les objectifs fondamentaux du lycée : une maîtrise sans cesse accrue de la langue, la connaissance de la littérature, la constitution d’une culture et la formation d’une pensée autonome.

 

Les objectifs

Pour la maîtrise de la langue : le but est d’amener les élèves, en fin d’année, à rédiger un texte composé dans une syntaxe et une orthographe correcte avec un vocabulaire approprié, et de les conduire à exprimer clairement leur pensée à l’oral.

Pour la connaissance de la littérature : Le programme fixe quatre objets d’étude pour la classe de Première. Le travail mené en classe vise à développer les capacités de lecture et d’expression des élèves, à enrichir et à structurer leur culture littéraire et artistique. Chacun des quatre objets d’étude associe une œuvre (ou une section substantielle et cohérente d’une œuvre) et un parcours permettant de la situer dans son contexte historique et générique. Les textes étudiés représentent des formes d’expression qui mettent en jeu les propriétés des genres et des registres majeurs. Ils appartiennent à des périodes significatives de l’histoire littéraire et culturelle, et ils révèlent des enjeux majeurs de l’expérience humaine et participent de débats d’idées importants. En fin de Première, les élèves doivent disposer ainsi d’un ensemble de lectures constituant des références essentielles.

Pour la constitution de leur culture : Les élèves devront, en fin de Première, pouvoir se repérer dans le cadre chronologique de l’histoire littéraire, en s’appuyant sur les textes abordés dans cette classe et dans les années antérieures. Il ne s’agit pas à cet égard d’entrer dans tout le détail de l’histoire littéraire, mais de faire comprendre la nature et le sens des changements d’orientation esthétiques ou culturels les plus décisifs.

 

Les objets d’étude

Le programme de Français fixe quatre objets d’étude pour la classe de Première : la poésie du XIXe siècle au XXIe siècle, la littérature d’idées du XVIe siècle au XVIIIe siècle, le roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècle, le théâtre du XVIIe siècle au XXIe siècle.

Chacun des objets d’étude associe une œuvre (ou une section substantielle et cohérente d’une œuvre) et un parcours permettant de la situer dans son contexte historique et générique. Le programme national de douze œuvres, renouvelé par moitié tous les ans, définit trois œuvres par objet d’étude : le professeur en choisit une et son parcours associé.

 

L’épreuve écrite du commentaire de texte

 

 

Le commentaire porte sur un texte littéraire en lien avec un des quatre objets d’étude du programme, mais ce ne sera pas un extrait d’une des œuvres du programme. Epreuve notée sur 20.

 

Le cahier des Épreuves du Bac de français >

Le commentaire composé

La vocation profonde de cet exercice consiste à rendre compte, de manière claire, succincte, et argumentée, des enjeux essentiels d’un texte (c’est-à-dire, littéralement, de ce qui se joue dans un texte), enjeux qui sont constitutifs de l’intérêt, de la spécificité, de la puissance, et/ou de l’originalité de celui-ci. Demandez-vous toujours pourquoi tel texte est passé à la postérité, pourquoi il a été choisi par le jury, pourquoi il a été soumis à votre étude. Les raisons qui président à ce choix peuvent être variées et faire intervenir différents niveaux de lecture ou d’analyse : c’est à vous d’essayer de les restituer et de les articuler dans une interprétation globale et cohérente du texte.

 

La méthode

La question du sens

C’est donc avant toute chose la question du sens qu’il faut vous poser à rebours des habitudes contractées au collège ou au lycée par trop de candidats, qui croient encore (!) qu’un commentaire de texte se résume à une espèce de « chasse » aux (trop) fameuses figures de style qui peuvent s’y trouver. Une telle approche, qui confond allègrement la fin et les moyens, n’a strictement aucun sens et témoigne d’une méprise profonde sur la vocation même de la littérature. Les premières questions qu’il faut vous poser sont les questions Quoi ? et Pourquoi ? De quoi est-il question dans le texte ? qu’a cherché à faire l’auteur ? dans quel(s) but(s) ?

C’est le plus souvent de ses premières impressions de lecture qu’il faut partir pour imprimer à son commentaire une orientation intéressante. Quelles idées ce texte m’inspire-t-il ou fait-il se lever en moi ? Quels sentiments, quelles im- pressions, quelles sensations même me procure-t-il ? Pour quelle(s) raison(s) l’auteur a-t-il cherché à me les faire éprouver ?

 

La question de la « manière »

C’est alors, et seulement alors, dans un deuxième temps, qu’intervient la question, tout aussi essentielle, du « Comment ? ». Comment l’auteur a-t-il réussi à m’ébranler, à m’apprendre ou à me faire comprendre une vérité, à me convaincre d’un point de vue, à me faire prendre conscience ou prendre la mesure de tel phénomène que j’ignorais, etc ? Bref, comment l’auteur est-il parvenu à ses fins (que je reconstitue hypothétiquement à partir de mes impressions initiales) ?

Cette question de la « manière » est fondamentale car la spécificité d’un texte littéraire – qu’il faut en effet concevoir comme une « forme-sens » – réside moins dans les thèmes qu’il brasse que dans la manière dont l’auteur les articule et les traite dans son texte : elle se situe, précisément à l’articulation de sa matière et de sa manière. Ainsi, ce qui fait l’intérêt, l’originalité, la célébrité du « Dormeur du Val », ce n’est pas que ce poème constitue une dénonciation de la guerre. Bien d’autres textes le sont aussi, qui ne possèdent en rien sa « force de frappe », et qui échouent à marquer comme il le fait leurs lecteurs.

Ce qui importe donc, c’est de rendre raison de la puissance très singulière de ce poème (qui, soit dit en passant, ne nomme jamais directement sa cible), en vous donnant pour mission d’en découvrir et d’en expliciter le « secret », c’est-à-dire en essayant de retrouver, comme on démonte le mécanisme d’une horloge, tous les moyens par lesquels l’auteur est parvenu à ses fins. C’est, en l’espèce, au contraste maximal que son auteur orchestre entre, d’une part, les treize premiers vers du sonnet (qui débordent d’ailleurs sur le dernier, par le rejet – on ne peut plus signifiant – de l’adjectif « tranquille ») (et qui confirment l’horizon d’attente ouvert par le titre du poème), et la dernière phrase du poème d’autre part (« il a deux trous rouges au côté droit »), que le texte de Rimbaud doit sa charge explosive.

 

 

Il s’agira donc d’étudier comment, avec un art consommé de la suggestion, le poète a réussi à mettre en place, touche après touche, une atmosphère de douceur et d’extrême quiétude (beauté et rotondité d’un cadre qui a tout d’un locus amoenus, douceur des couleurs froides (vert, bleu) et irisées (reflets argentés de la rivière), douceur des sonorités (consonnes liquides et labiales), rythme berceur (obtenu par l’abondance des virgules et l’assouplissement de l’alexandrin), isotopie du sommeil et de la tranquillité, etc), atmosphère de quiétude qui du reste conforte le lecteur dans l’impression de calme suggérée par le titre du poème, pour mieux nous confronter ensuite, in extremis et sans crier gare (parataxe), à une réalité violente en tous points opposée à la première (« stridence » chromatique du « trou rouge », cacophonie du vers due aux multiples contre-accents successifs (sur « deux », « trous »,« rou(ges) »), brutalité des consonnes dentales, etc). Réalité de la guerre qui nous apparaît ainsi dans toute son horreur et dans son caractère fondamentalement contre-nature, et d’autant plus contre-nature que l’on ne s’attendait guère à son effraction inopinée dans le texte (la polysémie de certains termes distillés par Rimbaud dans son poème n’étant perceptible que rétroactivement, à la faveur d’une rétrolecture).

 

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Cette question des moyens recouvre alors tous les procédés auxquels l’auteur a eu recours pour faire voir, entendre, et résonner ce qu’il lui importe de nous faire comprendre et ressentir. La question du Comment ? se situe donc au carrefour de la linguistique, de la grammaire, de la syntaxe, de la prosodie, de la rhétorique, de la stylistique, etc. Recouvrant tous les partis pris esthétiques de l’auteur, elle concerne aussi bien la manière dont un texte est construit que l’exploitation judicieuse d’une métaphore, aussi bien le jeu des pronoms personnels ou des temps verbaux que tels phénomènes saillants de versification ou d’homophonie que l’on peut juger importants dans un extrait. Les fameuses « figures de style » ne sont donc, comme on le voit, qu’un ingrédient parmi d’autres de la signifiance d’un texte.

 

Comment réussir à discerner les enjeux majeurs d’un texte ?

Quelles questions faut-il se/lui poser ?

Pour parvenir à mettre à jour la spécificité d’un texte, il n’importe pas seulement d’être attentif à son fonctionnement interne. Ce travail est nécessaire mais non suffisant. Il faut également être capable de prendre de la hauteur, et soumettre le texte à une batterie de questions et de mises en perspective qui vous permettront de mieux prendre la mesure de son intérêt et de son originalité, vous aideront à élaborer une problématique intéressante, et vous fourniront des pistes pour construire les grands axes de vos commentaires.

 

Les règles de l’analyse textuelle

Vous devrez analyser attentivement le texte, veiller à étayer vos arguments et vos interprétations sur un faisceau de « preuves textuelles », opérer de constants va-et-vient entre la « forme » et le « sens », entre la « manière » et la « matière », entre le « signifiant » et le « signifié ». Une telle pratique de la citation et de l’analyse (grammaticale, rhétorique, stylistique, etc) constitue du reste le meilleur garde-fou contre les trois écueils essentiels du commentaire : la paraphrase, le hors-sujet et la sur-interprétation. Il ne s’agit en effet ni de redire (mal, et sans plus) ce que le texte dit très bien, ni de reléguer celui-ci au rang de prétexte (à des considérations générales sur tel ou tel sujet), ni de vouloir absolument plaquer une interprétation toute faite sur un texte qui la nie. Il faut, bien au contraire, et à l’instar du musicien devant sa partition, se mettre à l’écoute du texte, tenter d’en extraire la substance et d’en faire entendre les résonances.

A cet effet, n’oubliez pas de combler vos lacunes en matière d’analyse grammaticale ou stylistique. Il faut, pour conduire de bonnes analyses, savoir distinguer une proposition subordonnée d’une principale, un adverbe d’un adjectif, un déterminant d’un pronom, une préposition d’une conjonction, etc., de même qu’il est conseillé de ne pas confondre une comparaison avec une métaphore, ou une anaphore avec une anacoluthe. Le cas échéant, consultez régulièrement les Bled, Bescherelle et autres Dictionnaires de Stylistique pour vous rafraîchir la mémoire.

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Écrire un paragraphe, une introduction et une conclusion de commentaire composé

Écrire un paragraphe

Le paragraphe regroupe plusieurs phrases présentant une unité de pensée.

Pour certains écrits d’invention (romans, nouvelles…), cette unité peut être narrative (une étape du schéma narratif) ou descriptive (une étape d’un portrait).

Dans un écrit argumentatif, le paragraphe développe un argument.

La présentation typographique délimite le paragraphe : chaque paragraphe débute par un alinéa (retrait du premier mot) avec une majuscule initiale.

 

Construire un paragraphe argumentatif

 

 

Relier les éléments du paragraphe

Les divers éléments du paragraphe doivent être reliés entre eux, afin d’assurer sa cohérence.

 

 

 

Insérer des citations

 

 

Rédiger l’introduction

En précisant les enjeux du sujet et en annonçant le plan, elle montre au lecteur si le sujet a été compris et s’il va être traité de manière pertinente. Quel que soit le type de devoir, l’introduction est constituée d’un seul paragraphe comportant quatre étapes : l’entrée en matière, la présentation du sujet ou du texte, l’énoncé du problème posé ou du projet de lecture (problématique), l’annonce du plan.

 

 

Rédiger la conclusion

La conclusion clôt l’étude du texte ou la réflexion avec netteté. Symétrique de l’introduction, elle se présente en un seul paragraphe, comportant deux ou trois étapes. Pour le commentaire, elle établit un bilan de l’étude qui reprend les conclusions intermédiaires de chaque partie et propose un élargissement rattachant le texte à la problématique de l’œuvre intégrale ou du parcours de lecture.

 

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