Prépa Journalisme : biographie de Léa Salamé

Née en 1979.

Journaliste et animatrice audiovisuelle, en dix ans, elle s’est imposée comme une des têtes d’affiche du PAF.

Elle est issue d’une famille aisée et cultivée du Liban. Elle a fait ses études en France, à Franklin, Assas et à l’IEP Paris avant de suivre les cours de l’Université de New York, où elle est présente le 11 septembre 2001.

Elle commence dans le journalisme à Public Sénat, aux côtés de Jean-Pierre Elkabbach. A partir de 2006, elle présente la tranche d’information du soir. On la retrouve ensuite à I-Télé où elle officie de 2010 à 2014. Elle présente d’abord les informations du soir et elle anime ensuite plusieurs émissions de débat, notamment le fameux « ça se dispute » où elle arbitre entre Nicolas Domenach et Eric Zemmour.

En 2014, elle intègre le service public et il convient ici de distinguer entre radio et télé, même s’il peut y avoir des synergies entre les deux.

France Inter est devenue sa maison. De 2014 à 2017, elle mène l’interview de 7 heures 50 dans le cadre de la matinale de Patrick Cohen. A la démission de ce dernier, elle prend l’animation du 7/9 avec Nicolas Demorand tout en gardant l’interview de 7.50. A la rentrée 2023, elle cédera sa place à Sonia Devillers pour l’interview-vedette de France Inter mais elle continuera d’assurer la coanimation du 7/9.30 avec son acolyte Demorand. Rappelons que Léa Salamé a également animé une émission dédiée aux « Femmes puissantes » sur France Inter.

La télévision lui a sans doute offert une plus grande ouverture encore et c’est l’émission de Laurent Ruquier « On n’est pas couché » qui lui apporte une grande notoriété.  De 2014 à 2016, elle assure les interviews aux côtés d’Aymeric Caron puis de Yann Moix. Elle rejoint ensuite David Pujadas  sur France 2, dans une série d’émissions politiques qui passent le jeudi soir, en particulier « L’Emission politique ». En 2019, elle coprésente « Vous avez la parole » avec Thomas Sotto, toujours le jeudi soir. En 2022, elle quitte la présentation des émissions politiques de France 2 pour se consacrer à son nouveau talk-show « Quelle époque » qu’elle anime, en réalité, avec Christophe Dechavanne. Cette nouvelle émission du samedi soir succède à l’éphémère « On est en direct » qu’elle a coanimé avec Laurent Ruquier le temps d’une saison en 2021-2022.

 

Ses trois points forts d’influence

En moins d’une décennie, Léa Salamé est devenue une référence en matière journalistique. Elle est fait partie de ces rares journalistes en mesure d’interviewer les personnalités politiques de premier plan et les autres aussi. Tout cela a commencé en avril 2016 quand il s’est agi d’interviewer le président de la République François Hollande et qu’elle lui a rétorqué « C’est une plaisanterie ? » dans le cade d’une de ses réponses à une question sur les réfugiés. Sur France 2, elle a eu l’occasion d’animer, le jeudi soir, des débats entre les candidats des primaires des différents bords. Le 20 avril 2022, elle a animé avec Gilles Bouleau de TF1, le débat de l’entre-deux-tours de la présidentielle. Pugnace et rigoureuse, Léa Salamé en impose. Elle fait partie des journalistes dont les questions et les réparties sont reprises et commentées. N’oublions pas que Léa Salamé s’appuie sur une solide formation politique et générale qui n’est pas forcément le fait de tous ses contemporains dans le journalisme.

Elle est aussi à la tête de la première matinale de France. France Inter écrase aujourd’hui la concurrence et elle a une part importante dans cette réussite. La matinale, coanimée avec Nicolas Demorand, est une synthèse et un reflet des qualités propres et spécifiques de la chaîne publique. Les auditeurs trouvent ce qu’ils recherchent, une information non racoleuse, non démagogique, avec une tendance plutôt humaniste, qu’ils ne trouvent pas ou plus chez les concurrents. France Inter est devenu la radio des CSP+ et des professions dites intellectuelles, tout en gardant une part de public populaire. Bref, les dérives et les errements d’Europe 1 ont conduit de très nombreux nouveaux auditeurs vers France Inter. Et l’absence de publicité ravit aussi les citoyens qui veulent en finir avec les « réclames ». Léa Salamé a su trouver le ton juste et le bon niveau de précision et de complexité pour une radio « grand public » de qualité, un tantinet élitiste.

Elle anime maintenant un talk-show qui fait de l’audience, comme une grande, seule, même si l’apport de Christophe Dechavanne ne doit pas être négligé dans le succès de l’émission. Elle est l’héritière de Philippe Bouvard, de Michel Polac, de Thierry Ardisson et de Laurent Ruquier qui ont tous animé des talk-shows très regardés le samedi soir à la télé. Il s’agit en fait d’interviewer les personnalités qui font l’actualité, quel que soit le domaine envisagé. L’idée est de captiver l’auditeur par la qualité et le punch des interviews, voire de créer le buzz et pourquoi pas, de provoquer quelques clashes entre les invités. Le tout pouvant être agrémenté d’humour et de fantaisie. C’est de l’infotainment dans le cadre du weekend, si l’on veut utiliser de termes bien français ! Saluons le talent singulier de Léa Salamé qui combine le sérieux et la rigueur du journalisme politique à l’esprit du divertissement d’un show de fin de semaine. Même s’il s’agit toujours d’information, les deux métiers ne relèvent pas de la même sphère.

 

Synthèse et perspectives

Léa Salamé est devenue une grande dame du monde de la télé et de la radio. Elle n’est pas, pour autant, incontestable. On lui reproche d’être parfois de parti pris, de ne pas respecter suffisamment les hommes politiques qu’elle interroge, comme on l’a vu avec Jean-Luc Mélenchon en octobre 2021. L’attitude agressive qu’elle a eue avec Mélenchon a été assimilée à une dérive partisane. Bref, elle a de l’autorité mais elle n’est pas encore une autorité puisqu’elle est souvent contestée et critiquée par, notamment, les chroniqueurs de droite. Et je laisse volontairement de côté les remarques quelque peu déplacées sur le fait qu’elle partage la vie de Raphaël Glucksmann

Léa Salamé a de l’influence et elle est fait partie de la dizaine de journalistes dont les commentaires et les réactions comptent dans la sphère médiatique et politique. Peut-être qu’elle n’a pas encore trouvé un public populaire, moins huppé, moins bobo que celui qu’il l’écoute à France Inter. Ce n’est pas encore la même reconnaissance populaire que pour Jean-Jacques Bourdin ou Jean-Michel Aphatie.

« Quelle époque ! »  a trouvé son public mais Léa Salamé n’a pas encore marqué son temps par sa créativité comme l’avait fait Thierry Ardisson ou par sa faconde et son humour que dispensait Laurent Ruquier naguère. C’est une animatrice en devenir. Ajoutons à cela qu’elle apparaît comme une cheffe d’équipe flanquée de trois spécimens qui assurent, eux, le show : Christophe Dechavanne, Paul de Saint-Sernin et Philippe Caverivière. Après tout, il faut savoir s’entourer et le casting est fort réussi.

L’influence consiste aussi à choisir les bonnes personnes au bon endroit, les bons alliés et les bons relais.

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