Les matières de la prépa ECG : L’économie (ESHMC)

Focus matière : l’Économie, Sociologie, Histoire du Monde Contemporain (ESHMC)

Bien que les étudiants et même les professeurs aient parfois tendance à parler d’économie, il s’agit bien ici de l’ESHMC : Économie, Sociologie et Histoire du Monde Contemporain. Elle est l’une des deux spécialités avec l’HGGMC (Histoire, Géographie et Géopolitique du Monde Contemporain) que l’étudiant d’ECG devra choisir avant son entrée en Classe Préparatoire. Aux épreuves des Parisiennes (HEC, ESSEC, ESCP), son coefficient varie de 6 à 8 (sur 30) en fonction de la section choisie en Mathématiques (Approfondies ou Appliquées). Ce n’est donc pas une matière à négliger !

 

L’intérêt de la matière

Grâce à cette matière, les étudiants sont censés comprendre les principaux mécanismes macroéconomiques et microéconomiques qui régissent les grandes fluctuations économiques, et ce, à la lumière de faits socio-historiques. On étudiera, par exemple, le lien existant entre révolution industrielle (take-off des économies occidentales), révolution sociale (naissance de la bourgeoisie, naissance du prolétariat…) et apparition de la démocratie.

On regroupe ainsi sous le chapeau de l’économie deux autres sciences humaines permettant d’apporter aux épreuves écrites et orales un aspect plus littéraire, plus philosophique et plus contextualisé. Il va donc sans dire qu’aucune impasse ne doit être faite ni sur la Sociologie ni sur l’Histoire.

L’étudiant est ainsi amené à traiter des sujets aussi bien historiques que thématiques, chronologiquement datés ou, au contraire, très actuels. Par exemple, en 2020, les concepteurs du sujet d’HEC avaient proposé : « Le capitalisme est-il soutenable ? ». Ici, le verbe « être » conjugué au présent de l’indicatif n’amenait pas forcément le candidat à traiter uniquement la dimension actuelle du sujet mais bien aussi à interroger la soutenabilité du capitalisme de manière générale, en tirant ses exemples de faits économiques passés, par exemple.

L’exercice dissertatif servira durablement aux élèves puisqu’il les oblige à comprendre et analyser les phénomènes socio-économiques passés et actuels, leur donnant alors un recul plus large sur les fluctuations à venir. En prépa, l’élève comprend le monde, il comprend d’où il vient, où il est et où il va.

 

Le programme

Du fait de la réforme et de la disparition des filières ECE (majeure ESH) et ECS (majeure Mathématiques), les élèves peuvent choisir l’ESHMC indépendamment de leurs spécialités au Baccalauréat. Il suffit d’avoir pris, au moins, l’option Mathématiques Complémentaire. Ainsi, un élève qui n’avait pas choisi les SES au lycée peut très aisément choisir l’ESHMC en prépa. Pas d’inquiétude, tout est repris à 0 !

Au Baccalauréat, les élèves ont le choix entre une épreuve composée et un sujet dissertation accompagnée d’un corpus documentaire. En Classe Préparatoire, l’élève oubliera l’épreuve composée et le corpus documentaire pour ne garder qu’un sujet de dissertation. Il découvrira, en revanche, un nouvel exercice : l’oral d’ESHMC (existant à HEC et à l’ESCP à l’issue des admissibilités).

L’enseignement de l’ESH se divise, en effet, en 4 modules pour les 4 semestres d’ECG. Le programme d’Économie et de Sociologie est similaire à celui de Terminale, il est bien entendu beaucoup plus approfondi. Le programme d’ESH diffère de celui de SES en ce qu’il intègre l’Histoire comme trame de fond. On étudiera ainsi cette matière depuis la première révolution industrielle, sous le prisme de l’Économie et de la Sociologie. L’idée est d’inscrire l’Économie (les faits et théories) dans un contexte socio-historique qui lui est propre. Il faut donc garder à l’esprit que l’approche est totalement différente puisqu’elle demande à l’élève de ne pas faire de l’Économie sans toucher à l’Histoire, de ne pas faire d’Histoire sans toucher à la Sociologie et ainsi de suite.

En première année, le professeur enseignera les bases de l’économie et de la sociologie. On abordera notamment les grandes fonctions et les grands acteurs de l’économie, les fondements de la microéconomie, l’histoire de la pensée économique et les premières révolutions industrielles puis les différentes méthodes en sociologie.

Le second module traite principalement de la croissance et du développement depuis le XIXe siècle. On tentera d’enseigner les origines de la croissance économique et ses enjeux, la naissance des inégalités, la transformation des activités économiques, des modes de vie et de la hiérarchie sociale. Tout un pan sera également consacré à l’entreprise qui sera abordée aussi bien d’un point de vue économique que sociologique.

À partir de la deuxième année, l’étudiant se penchera sur les problématiques internationales. On discutera notamment de la mondialisation, de ses avantages et de ses inconvénients. Elle sera abordée sous un prisme économique, financier et monétaire. Une partie du module se consacrera à la construction européenne vue, une fois de plus, sous un prisme socio-économique.

Quelques mois avant de partir en révision, les futurs intégrés travailleront sur l’action des pouvoirs publics. En introduisant les grands déséquilibres du marché (chômage, externalités positives, négatives, vieillissement démographique etc.), le professeur tâchera de présenter les modalités de l’intervention publique en économie. Cela lui permettra, entre autres, de dresser une typologie des différents modèles d’État social.

Le programme couvre ainsi l’ensemble des faits et des théories socio-économiques depuis 1650. Il donne aux étudiants toutes les clés pour analyser le monde qui les entoure, leur permettant ainsi de prendre conscience des grandes problématiques de notre temps. À eux, en école, d’y trouver les solutions adéquates !

 

Les épreuves

HEC et l’ESSEC conçoivent la première épreuve écrite du concours en économie. Ce sujet est réputé très historique et transversal. Par exemple, HEC avait proposé en 2017 : « L’entreprise (depuis le XIXe siècle) peut-elle se passer de l’entrepreneur ? ». On dit même des correcteurs que ce sont surtout des sociologues et des historiens de formation.

Le sujet conçu par l’ESCP, lui, est beaucoup plus technique et ira bien plus souvent chercher les candidats sur des mécanismes économiques que sur des faits socio-économiques. En 2017, elle avait proposé : « Le bon fonctionnement d’un marché́ justifie-t-il l’intervention de l’État ? ».

En ce qui concerne l’oral, l’ESH n’est présent qu’à HEC et à l’ESCP. Elle représente pour la première le coefficient le plus élevé de toutes les épreuves (9/30) et peut porter sur des sujets uniquement sociologiques ou au contraire très techniques : on retrouve ainsi en 2016 le sujet « Les bourgeois » ou en 2019 « La place de l’individu dans les approches sociologiques ».

Il faut également rappeler que l’épreuve orale est plus une épreuve de raisonnement que de connaissances. On ne peut pas, en 30 minutes de préparation, retranscrire des idées aussi développées que dans une dissertation de 4 heures. L’exposé de l’étudiant doit donc être efficace, complet mais concis.

Il est donc impossible de calquer la méthodologie de l’écrit sur celle de l’oral. De même, il ne faut pas oublier que les sujets d’oraux peuvent quant à eux porter sur une partie du cours de première année et nécessitent ainsi un travail assidu dès le premier jour de la prépa !

 

Méthode

De même que pour la Culture Générale et la HGG, le fond compte autant que la forme. Il n’existe, bien entendu, aucun plan idéal et encore moins de réponse parfaite au sujet. Néanmoins, l’étudiant est évalué sur sa capacité à mettre en valeur des idées appuyées par des arguments étayés par de théories économiques ou sociologiques illustrés par des faits historiques.

Il est donc tout à fait possible d’illustrer ses idées aussi bien à l’écrit qu’à l’oral par des graphiques simples qui démontrent une compréhension des mécanismes économiques fondamentaux explicitement attendue par les correcteurs.

Le travail au brouillon est généralement le moment le plus crucial des épreuves. Le travail de l’étudiant doit commencer par une définition méticuleuse du sujet. Il faut « borner » le sujet grâce à des bornes temporelles et théoriques. Un tri rapide des connaissances ainsi qu’un questionnement approfondi pour identifier les acteurs économiques concernés par le problème posé.

 

Il est recommandé de construire un plan en trois parties munies de transitions logiques, déjà préparées au brouillon afin de ne pas négliger un pan du sujet et d’insuffler une certaine dialectique à la copie.

Il faut bien entendu éviter à tout prix de dresser un catalogue de connaissances plus ou moins vagues. Il vaut mieux réduire le nombre de références mais les citer correctement (auteur, nom et date de l’ouvrage) et développer autour d’elles des raisonnements plus longs et argumentes.

Ce conseil est d’autant plus valable à l’oral que l’exposé ne dure que 10 minutes à  HEC et 15 minutes à l’ESCP et que le propos peut devenir rapidement insipide, s’il n’est pas structuré par un enchaînement logique et d’idées argumentées.

L’épreuve d’ESH vise donc à évaluer la capacité des étudiants à réagir de manière avant tout structurée et argumentée à un problème ou une question dans un temps imparti plus ou moins long. Les étudiants doivent donc tenter de prendre le pli dès leur année de bizuth afin d’affiner leurs capacités rédactionnelles au cours de leur Classe Préparatoire. Une telle ascèse est par ailleurs à conserver plus tard dans sa vie professionnelle dans la mesure où elle permet également de convaincre efficacement tous types d’interlocuteurs.