Prépa Journalisme : biographie de Franz-Olivier Giesbert

Né en 1949.
Journaliste, écrivain, patron de presse.

Formé au CFJ, il intègre la rédaction du Nouvel Observateur en 1971. Il en devient un des piliers du service Politique où il réalise les interviews des grands leaders de la gauche des années 70. Il est ainsi un des proches de François Mitterrand. Il est nommé à la tête de la rédaction en 1985 et il parvient à redresser le magazine, alors en grande difficulté.

En 1988, à la surprise générale, il rejoint Le Figaro, où il prend la tête de la rédaction en renouvelant le quotidien et le Figaro Magazine. Le succès est là et se poursuit jusqu’en 2000, date à laquelle il rejoint le Point dont il est longtemps le rédacteur en chef et l’éditorialiste. Nouveau succès car le lectorat du Point augmente de 50% sous sa férule. Et son patron, François Pinault, le défend face à un Nicolas Sarkozy, agacé par son insolence et qui exige sa destitution.

En 2017, il prend la direction éditoriale du quotidien La Provence pour répondre à une sollicitation de son ami Bernard Tapie. La pression hostile des journalistes le contraint à quitter ses fonctions en 2021. Franz-Olivier Giesbert continue de rédiger chaque semaine un éditorial pour le Point.

FOG a fait également une belle carrière à la télévision, notamment sur le service public avec « Du côté de chez FOG » et « Le Gai Savoir ». On le voit encore dans les émissions littéraires et politiques.

C’est aussi un écrivain qui a raté de peu l’élection à l’Académie française en 2022. Romancier, primé par l’Académie en 1992 pour son roman « L’Affreux ». Auteur du best-seller « Un si grand amour » en 2010. Il est un des piliers de la maison Gallimard.
Biographe de talent, il a écrit notamment sur François Mitterrand et Jacques Chirac. La biographie de ce dernier « La Tragédie du Président » a été controversée car d’aucuns lui ont reproché d’avoir profité de la confiance du président Chirac et d’avoir révélé des informations et des situations qui auraient dû rester « off ».

En 2022-2023, son « Histoire intime de la Vème République » obtient un grand succès et lui donne l’occasion d’apparaître souvent dans les médias. Il en profite pour déclarer son admiration au Général de Gaulle.

 

Ses trois points forts d’influence

Franz-Olivier Giesbert occupe une place éminente dans le monde des médias depuis plus de 50 ans. C’est une plume acérée, c’est un homme talentueux et, en plus, il a une espèce de vista qui lui a permis de réussir à la tête des médias qu’il a dirigés. Au Nouvel Obs, il a su dépoussiérer les thématiques, en accordant plus de place aux sujets sociétaux et en élargissant le lectorat traditionnel du magazine. Cet homme sait « angler » en fonction des tendances profondes du moment tout en maintenant une indéniable qualité dans le traitement des sujets et dans le pur rédactionnel. C’est aussi un excellent client des émissions de plateau où son verbe juste et ses bonheurs d’expression séduisent les téléspectateurs. Certes, le temps passant et l’âge venant, FOG est moins influent et son pouvoir direct dans le monde des médias s’estompe. Mais il reste une référence, un modèle car sa carrière est une success story.

FOG est avant tout un journaliste politique et sa particularité professionnelle réside dans le fait qu’il a côtoyé les présidents de la Vème République et connu de très près deux d’entre eux, François Mitterrand et Jacques Chirac. Il apparaît aujourd’hui comme une espèce de chroniqueur de l’histoire du régime et son angle préférentiel en matière d’histoire de la Cinquième est celui des présidents qui se sont succédé à l’Elysée. Il est donc celui qui replace en perspective l’action des hommes politiques d’aujourd’hui et établit une forme d’analyse comparative des présidents.

En ces années 2020, en ces années de crise, les livres et les articles de FOG sont très prisés car il apporte une vision à la fois journalistique et historique qui n’appartient qu’à lui. La tendance actuelle du « giesbertisme » est d’encenser le Général de Gaulle et de se montrer très critique par rapport à ses successeurs, y compris le président Macron que FOG ne veut pas adouber et placer au rang des grands présidents. Tout au plus lui reconnaît-il une « vista », un instinct politique mais il lui reproche un manque de continuité dans l’effort et un courage fluctuant. On peut parler d’une influence spécifique de FOG. Il ne fait pas l’opinion à lui tout seul…qui pourrait prétendre le faire ?….mais il a un public, une bourgeoisie centriste qui le suit depuis le Nouvel Obs et qui continue de le lire au Point.

FOG exerce aussi une influence dans le monde intellectuel et littéraire. Par exemple, il est proche de Michel Onfray, bien que le philosophe normand soit loin de ses positions politiques. Donc, Michel Onfray est invité par la rédaction du Point à la parution de chacun de ses livres. Parfois, Onfray fait même la couverture du magazine. D’une manière générale, la ligne culturelle du news mag Le Point est celle de FOG, marquée par une forme de classicisme et de nostalgie d’une France en voie de disparition. Cette ligne n’est pas une ligne aussi réactionnaire que celle de Valeurs actuelles mais elle s’appuie sur la dénonciation d’un déclin profond du pays. Il n’est pas étonnant que Nicolas Baverez, l’auteur de « La France qui tombe » en 2003, soit une des principales plumes du journal Le Point. La ligne FOG décrit et dénonce le déclin mais elle met aussi en évidence le sursaut. En somme, la ligne FOG est la ligne d’un gaullisme du XXIème siècle.

 

Synthèse et perspectives

Franz-Olivier Giesbert est à la fois un témoin et un acteur de cinquante ans d’histoire de France. De journaliste-écrivain, il est en train de devenir historien et chroniqueur de la République. Dans le même temps, sa conception de la France est éminemment politique et actuelle et il donne une description précise des maux français, tout en dénonçant les lâchetés et les légèretés des dirigeants français, quels qu’ils soient. Et il pourfend les extrêmes, qu’ils soient de droite et de gauche, et il attaque surtout Jean-Luc Mélenchon et les errements de la Nupes.

Son aura journalistique est sans doute moins forte qu’il y a 25 ans mais il se pose encore comme un « faiseur » d’opinion, une personnalité qui se positionne pour une prise en compte du réel et un refus des faux-semblants. Il incarne une ligne réaliste, pas complètement pessimiste puisqu’elle ouvre une ouverture possible vers le redressement.

La vie professionnelle de FOG est cependant jalonnée de quelques affaires qui ont émaillé sa carrière et ont un peu terni son image et affecté son influence.

On l’a accusé d’être toujours du côté du pouvoir, qu’il soit économique et politique. De retourner sa veste en fonction de ses intérêts personnels. Bref, le mot « arriviste » est souvent prononcé à son sujet.

Son passage à La Provence a été marqué par de nombreux incidents et conflits avec ses confrères, ce qui a montré les failles de son management.

FOG ne fait pas l’unanimité mais il reste une figure du journalisme et du monde littéraire français. Il incarne encorne un courant au confluent de la culture et de la politique.