L’importance du français dans le métier de Journaliste

Un constat général

Le français mérite une place spécifique dans le cadre d’une préparation aux écoles de journalisme. La maîtrise de la langue est essentielle dans l’exercice du métier et les jurys testent votre français à plusieurs niveaux :

    • la qualité de votre expression dans le dossier de candidature ;
    • la capacité à répondre d’une manière précise à des questions d’orthographe, de grammaire et de vocabulaire, à l’écrit comme à l’oral ;
    • la façon dont vous vous exprimez dans votre entretien.

Le constat général réside dans l’affaissement du niveau de français des étudiants-candidats. Il y a un décalage croissant entre les exigences « normales » des jurys et le niveau d’expression des étudiants.

Pour être plus précis, les dossiers comportent de plus en plus de fautes d’orthographe et des expressions incorrectes et répétitives. La maîtrise de la conjugaison laisse à désirer, la grammaire est souvent massacrée et le vocabulaire est sommaire.

Les étudiants ne sont guère sensibilisés aux questions ayant trait au français et ils considèrent que leur niveau est acceptable puisqu’ils ont franchi tous les obstacles universitaires. Comme pour beaucoup d’étudiants, la lecture est une activité en déclin, cela entraîne une moindre maîtrise du vocabulaire.

Les jurys considèrent que le critère de la maîtrise de la langue est fondamental, même si celle-ci n’est plus évaluée dans le cadre d’épreuves écrites en bonne et due forme. Ils font entrer le critère de la langue comme un élément complémentaire et important dans leur choix.

Quelques conseils ne seront pas inutiles. Et ces conseils ne vous dispensent pas de reprendre les bases grammaticales et orthographiques dans un bon manuel du secondaire.

 

Parfaire son dossier de candidature

On pourrait considérer qu’il suffit de soumettre le texte de son dossier de candidature à un correcteur orthographique pour éliminer les fautes. Sans aucun doute mais il reste le risque de mauvais choix en matière de vocabulaire sans parler des impropriétés et des expressions trop familières.

Parmi les points importants en matière d’expression, nous pouvons mettre en valeur 12 points :

1. Le passé simple est un temps spécifique de l’indicatif. Pour l’utiliser, il faut connaître sa conjugaison. On dit, je l’aimai et non pas je l’aimais. On dit il fut et non pas il fût.

2. Le conditionnel est un mode à part entière. Il n’a rien à voir avec le futur simple. «Je voudrai» est un conditionnel, ce n’est pas un futur. Le conditionnel est un temps qui marque une forme de réserve et de prudence. Le futur est un temps de l’indicatif, un temps de l’affirmation et du réel.

3. «Au final» n’est pas correct en français. Vous pouvez le remplacer par «finalement» ou «en fin de compte».

4. «Du coup» est devenu l’expression d’une génération mais son utilisation systématique a fini par lasser tout le monde et, en particulier, les membres des différents jurys. Vous pouvez trouver des équivalents comme « par conséquent » ou « donc » ou « dans ces conditions ».

5. En français, on écrit « M. » pour monsieur et pas « Mr ».

6. En français, toujours, les adjectifs ne prennent jamais de majuscule. Revoyez bien la définition du mot «adjectif».

7. Si vous dites à quelqu’un «Vous n’êtes pas sans ignorer», c’est l’équivalent de «vous ignorez». Si vous voulez dire à quelqu’un qu’il sait quelque chose, vous dites «vous n’êtes pas sans savoir».

8. On apporte un document, on ne l’amène pas. On amène une personne ou un être vivant. Et l’on apporte un objet.

9. «Faire long feu», signifie «échouer» ou «rater». Quand vous dites «mon expérience de stage a fait long feu», cela veut dire que cela n’a pas duré, que ce fut un échec.

10. On dit «c’est de cela qu’il s’agit» et non pas, «c’est de cela dont il s’agit».

11. On célèbre un anniversaire mais on commémore un événement. Evitez l’expression «fêter un anniversaire» qui ne s’applique que dans le cadre privé à propos d’une personne.

12. On dit «je me rappelle quelque chose» et «je me souviens de quelque chose».

Ces 12 points parmi d’autres, pour vous aider à éviter les impropriétés ou erreurs qui pourraient être préjudiciables, surtout si elles ont tendance à s’accumuler. Et faites-vous relire par un vrai connaisseur de la langue française.

 

Orthographe, conjugaison, grammaire

On ne saurait trop vous conseiller de revoir toutes les règles de grammaire et d’orthographe dans un manuel de votre choix. Vous serez testé dans le cadre de l’ESJ Lille avec un test en ligne mais aussi dans le cadre des oraux où l’on pose désormais des questions d’orthographe et de vocabulaire. Il faut préparer ces épreuves et ces questions, surtout si vous pensez que l’orthographe ne sert à rien et que vous traînez de grosses lacunes depuis longtemps.

Pour organiser votre travail, il faut vous concentrer sur quelques points d’orthographe-grammaire récurrents dans les concours.

 

 1. L’accord du participe avec l’auxiliaire avoir

«J’ai mangé tous les fruits que tu avais achetés». L’accord se fait avec le Complément d’Objet Direct si celui-ci est placé avant le groupe verbal au passé composé. Un impératif : vérifiez que vous maîtrisez bien tous les termes grammaticaux comme passé composé, COD, auxiliaire avoir…

 

 2. L’utilisation du subjonctif

Le subjonctif est souvent considéré comme un mode en voie de disparition. On le trouve en général dans les subordonnées conjonctives introduites par des verbes de crainte, de regret, de sentiment, de jugement, d’obligation… Le subjonctif est donc le mode de de la subjectivité. Il introduit un mode différent de conjugaison et de signification par rapport à l’indicatif qui est le mode du réel. On dit bien «il faut que je vienne», «je crains que tu ne viennes pas», «je regrette que tu ne sois pas venu».

Attention, certaines conjonctions de subordination appellent le subjonctif, d’autres pas. «Après que» se construit avec l’indicatif, «avant que» avec le subjonctif. «Quoique» et «bien que» se construisent aussi avec le subjonctif. «Malgré que» n’est pas correct.

N’oubliez pas qu’il y a plusieurs temps au subjonctif : subjonctif présent, subjonctif passé, subjonctif imparfait, subjonctif plus-que-parfait. Leur utilisation dépend de la concordance des temps. Pour schématiser, une proposition principale au présent appelle un subjonctif présent ou passé dans la subordonnée. Une proposition principale au passé appelle un subjonctif imparfait ou plus-que-parfait.

«Il faut que tu viennes», «il fallait que tu vinsses», «il faut que tu sois revenu avant la nuit», «il fallait que tu fusses revenu».

Un autre impératif : revoir la conjugaison aux temps du subjonctif des verbes les plus courants comme aimer, aller, venir, pouvoir, faire.

 

3. L’accord du participe passé au passé composé pour les verbes pronominaux au passé composé et au plus-que-parfait. De l’indicatif ou du subjonctif

    • Les verbes qui n’existent qu’à la forme pronominale

Exemples : Se souvenir, se repentir

Le participe passé s’accorde en genre et en nombre avec le sujet : Elles se sont souvenues.  Ils se sont repentis

 

    • Les verbes qui existent à la forme pronominale et non pronominale

Exemples : Se battre, se parler, se tuer, se confiner, se plaire

Revenir toujours à la forme non pronominale. Pour mémoire, la forme non pronominale de se battre est battre. A la forme non pronominale, certains verbes se construisent avec un COD, d’autres avec un COI. Battre se construit avec un COD : je bats quelqu’un. C’est un verbe TRANSITIF. Parler se construit avec un COI comme plaire : je parle à quelqu’un. Je plais à quelqu’un. C’est un verbe INTRANSITIF.

 

  •  Pour les verbes TRANSITIFS à la forme pronominale, l’accord se fait en genre et en nombre avec le sujet : Ils se sont battus, ils se sont tués, ils se sont confinés
  • Pour les verbes INTRANSITIFS à la forme non pronominale, l’accord ne se fait pas, cela reste invariable : Ils se sont parlé, ils se sont plu, elles se sont pli, nous nous sommes plu
  • Pour les verbes PRONOMINAUX AVEC UN COD, c’est à dire avec Complément d’Objet Direct : Elle s’est lavée, VERBE SANS COD. L’accord se fait en genre et en nombre avec le sujet. Mais : elle s’est lavé les cheveux. Il y a un COD, il est placé après, lavé reste invariable. En revanche, on écrira : les cheveux qu’elles se sont lavés car le COD est placé avant.

C’est simple à condition de se rappeler que ces règles sont les mêmes qu’avec l’auxiliaire avoir, à la forme non pronominale : Les choses que j’ai dites, les choses qu’ils se sont dites.

 

4. L’accord des adjectifs de couleur

Les adjectifs de couleur s’accordent en genre et en nombre avec le nom qu’ils modifient : Une voiture jaune, des voitures jaunes.

En revanche, les adjectifs de couleur composés restent invariables : Une robe bleu-vert, des robes bleu-vert. On dit aussi des robes bleu ciel.

Attention : les adjectifs de couleur qui tirent leur nom d’un fruit ou d’une fleur ou d’un objet quelconque sont invariables, à l’exception de l’adjectif « rose » qui est invariable : Une robe orange, des robes orange. Une robe rose, des robes roses. Des pantalons marron, des vestes kaki, des pulls acajou, des chaussures abricot.

 

5. Les groupes de verbes

Les jurys peuvent être amenés à vous poser des questions sur les trois groupes de verbes que vous êtes censés connaître. Un rappel n’est pas inutile.

    • Les verbes du premier groupe se terminent en -ER, comme aimer, parler, pencher, rêver, sevrer. Tous les verbes en -er sauf le verbe aller.
    • Les verbes du deuxième groupe se terminent en -IR, comme rougir, fleurir, épaissir, épanouir…à condition que le participe présent se terminent en -ISSANT.
    • Les verbes du troisième groupe se terminent en -IR quand le participe présent ne se termine pas en -ISSANT. Par exemple, vêtir qui donne vêtant, mentir qui donne mentant, mourir qui donne mourant… A cela, s’ajoutent les autres verbes, en particulier ceux qui se terminent en -OIR sans oublier ALLER.

 

 6. L’impératif

C’est un mode à part entière qui n’a qu’un temps, l’impératif présent. Les personnes sont la deuxième personne du singulier. Et la première et deuxième personne du pluriel. Pour être clair et simple : cours, courons, courez.

Une mention spéciale pour les verbes du premier groupe comme aimer. Il n’y a pas de -S à la deuxième personne du singulier : aime, parle, cède. N’oubliez pas l’impératif du verbe aller : va, allons, allez.

 

7. Les nombres en lettres

Ce qu’on appelle les adjectifs cardinaux. Un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, neuf, dix, onze, douze, treize, quatorze, quinze, seize, dix-sept, dix-huit, dix-neuf, vingt. Ils sont invariables, à l’exception de vingt et cent.

En effet, on écrit quatre-vingts. On écrit deux cents, trois cents. Car il n’y a rien qui suit. Mais on écrit quatre-vingt-un, cinq cent un ou cinq cent mille.

Les adjectifs cardinaux composés comportent un trait d’union jusqu’à 99 : quatre-vingt-dix-neuf. En revanche, on écrira cent un, cent deux, cent dix….

Mille est toujours invariable. Million et milliard sont des noms, ils sont variables. On écrira donc cinq mille, cinq millions, cinq milliards. Et bien sûr, cinq millions cinq cent mille.

 

8. Les adverbes

Ils modifient le sens de la phrase et sont rattachés à un verbe, d’où le mot « adverbe ». Apprenez à revoir le sens de tous les termes grammaticaux. Les adverbes sont invariables, d’où l’idée de bien les distinguer des adjectifs qui sont rattachés à un nom et qui varient en genre et en nombre en fonction du nom en question.

Apprenez à bien orthographier les adverbes en -MENT : «évidemment, abondamment, récemment, notamment, puissamment…»… il faut redoubler la consonne quand l’adverbe est tiré d’un adjectif ou d’un participe présent. Cela détermine aussi l’orthographe : notant donne notamment, récent donne récemment, puissant donne puissamment, évident donne évidemment.

 

 9. Orthographe et logique

Les étudiants s’en remettent parfois au hasard et ne voient pas qu’il y a une part de logique dans l’orthographe. Par exemple, «tous les mercredis soir» c’est correct. Les noms de jour sont variables, y compris le dimanche. On dit bien «tous les dimanches». En revanche, le moment de la journée ne change pas, il est assimilé à un adverbe, donc il est invariable. Donc «soir», «après-midi», «matin» dans ce type d’expression restent invariables. On dit en revanche : «les premiers lundi et mardi de chaque mois» puisqu’il n’y a qu’un premier lundi et qu’un premier mardi dans le mois, et non plusieurs.

Un autre aspect de la logique :  les adjectifs qui représentent un tout logique sont également invariables car on peut les assimiler à des adverbes. Par exemple, «j’ai acheté des damiers noir et blanc». L’essence du damier est d’être noir et blanc, d’avoir des cases noires et blanches. Si vous achetez des damiers noirs et blancs, vous allez avoir des damiers noirs et des damiers blancs, donc vous ne pourrez pas jouer aux dames. Donc, pas de -S à noir et blanc.

J’aime les drapeaux français, bleu, blanc et rouge. L’orthographe est correcte puisque le drapeau français est par essence bleu, blanc, rouge. Si vous écrivez «les drapeaux français bleus, blancs, rouges», cela veut dire qu’il y a un drapeau français bleu, un drapeau français blanc, un drapeau français rouge. Un autre exemple : un petit-beurre, des petits-beurre. Il s’agit bien entendu de petits gâteaux au beurre. Et la logique veut que «beurre» reste au singulier.

On dira aussi «Le professeur enseigne les littérature anglaise et allemande» car il y a une seule littérature anglaise et une seule littérature allemande. En revanche, on dira «J’ai appris les langues amérindiennes et africaines» car il y a plusieurs langues amérindiennes et plusieurs langues africaines.

Essayez toujours d’adopter un point de vue logique quand vous êtes confronté à un dilemme orthographique. Et dites-vous bien que l’orthographe n’est pas une affaire de hasard, qu’il faut revoir les conjugaisons, les règles d’accord. Appliquer les règles et être logique.

 

10. Apprendre aussi

Sans doute, l’affaissement de la lecture fait que les étudiants connaissent moins de mots et savent moins bien orthographier ceux qu’ils connaissent. Pour bien maîtriser l’orthographe, il faut apprendre à se familiariser avec de nouveaux mots et se faire aussi des petites fiches d’orthographe.

Quelques exemples orthographiques que vous pouvez ficher :

    • Une heure et demie, une demi-heure (une heure et demie, demie adjectif ; une demi-heure, demi adverbe)
    • Les arrhes ont été versées (nom courant mais ignoré des étudiants, féminin pluriel)
    • Un arc-en-ciel, des arcs-en-ciel
    • Le Midi, le midi de la France, le Nord, le nord de l’Italie
    • Le Venezuela, un Vénézuélien.
    • Un croque-monsieur, des croque-monsieur
    • Un fabricant de meubles, un trafiquant de drogue
    • L’arbre a crû de deux mètres, sa hauteur s’est accrue de deux mètres
    • Une espèce d’oiseaux (espèce est toujours au féminin, le pluriel vaut pour une espèce car s’il y a un seul individu, ce n’est plus une espèce)
    • Un long-courrier, des long-courriers
    • Les effluves embaumés (nom pluriel masculin)
    • Un amour fou, des amours folles. Un délice éternel, des délices éternelles.

 N’oubliez que l’on peut vous poser des questions d’orthographe pendant les oraux d’admission.

 

Vocabulaire

En dehors du fait que vous avez intérêt à varier votre vocabulaire dans votre dossier et dans vos lettres de motivation, vous devez prendre en compte le fait que les questions de pur vocabulaire font partie des éléments d’évaluation et de sélection aux oraux de certaines écoles comme on l’a vu en 2022. Au CFJ, à l’EJT Toulouse et à l’IFP, des questions directes de vocabulaire ont été posées. C’est une tendance que l’on peut comprendre aisément quand on voit les difficultés de nombreux « millennials » à retrouver le sens de mots simples. Encore un problème lié au manque de lecture. C’est d’autant plus important de maîtriser le maximum de mots que de nombreux médias sont très exigeants dans le domaine de la qualité de la langue en fonction des attentes de leur lectorat.

Les étudiants sont d’autant plus démunis qu’ils n’ont pas la possibilité du recours à l’étymologie pour s’en sortir puisque la plupart n’ont fait ni latin, ni grec. Et qu’ils n’ont pas toujours le réflexe salutaire de vérifier le sens des mots qu’ils ne connaissent pas. Sans parler du fait qu’ils n’ont pas conscience du fait que leur niveau de vocabulaire est le reflet de leur niveau de culture générale. Le meilleur conseil est justement de changer votre niveau d’exigence et d’aller jusqu’au niveau de vérification maximale de tous les mots que vous ne connaissez pas quand vous lisez un article ou un essai.

Les tests de vocabulaire sont de plus en plus fréquents, y compris sur les réseaux sociaux où l’on défie les millénnials sur des mots qui n’appartiennent pas à leur univers a priori.

Un exemple : Connaissez-vous le sens des mots suivants ?

    • Naguère
    • Se languir
    • Moults
    • Jadis
    • Calembour
    • Gentilhomme
    • Garnement
    • Présent…deux sens possibles
    • Damoiseau
    • Mécréant
    • Baliverne
    • Souiller
    • Diantre
    • Festoyer
    • Gringalet
    • De ce pas
    • Quémander
    • Que nenni

Ce petit test pour vous permettre de voir où vous en êtes. Si vous êtes en difficulté, il est urgent d’enrichir votre vocabulaire et de densifier vos lectures.

Aux différents oraux en 2022, parmi les questions de vocabulaire posées, nous avons pu relever quelques exemples qui constituent comme les premières annales de base. A vous de vous situer.

    • La sollicitude
    • Une engeance
    • Dithyrambique
    • Un avatar
    • Comminatoire
    • Une pléthore
    • La cyclothymie
    • Endémique
    • Collatéral
    • Une exaction
    • Discrétionnaire
    • Pécuniaire
    • Un atermoiement
    • La ploutocratie
    • Un ostracisme
    • Le népotisme
    • Une logorrhée
    • Une ineptie
    • Un panégyrique.

A vous de travailler au quotidien le vocabulaire, ce qui vous permettra d’être à l’unisson des exigences des jurys.