La méthodologie en Économie, Sociologie, Histoire : comment réussir ses colles

L’objet de cet article est de vous faire gagner du temps dans la compréhension des attentes de la colle et, plus généralement, du travail en prépa en ESH. Il vise à donner, en plus de conseils méthodologiques de base, quelques ressources essentielles dans votre préparation, notamment les petits manuels usuels (Repères, Que sais-je) et quelques podcasts pour suivre l’actualité économique sans effort. Tout est dans la méthode : si vous avez dès le départ la méthode et les ressources de référence, vous irez beaucoup plus vite dans votre apprentissage et augmenterez vos chances au concours.

 

Maîtriser la forme de l’exercice est une nécessité pour réussir l’épreuve

La méthodologie des colles d’économie en CPGE diffère fondamentalement des exercices oraux qui existent au lycée. Il faut en premier lieu problématiser, c’est-à-dire trouver ce qui est intéressant dans le sujet du point de vue de la théorie économique (voir-ci dessous). Si les connaissances sont fondamentales, elles ne sont ici que le support d’une présentation qui se doit d’être problématisée et bien structurée pour faire une différence.

A cet égard, la colle étant un examen oral, il est essentiel de faire ressortir la structure dans la présentation. Ce qui serait une lourdeur à l’écrit (« nous allons d’abord étudier… avant de considérer ensuite etc… », « premièrement/deuxièmement/troisièmement », »dans un premier temps », « dans un second temps ») devient précieux lors d’un oral, pour souligner l’articulation des idées devant un jury qui voit défiler plusieurs dizaines de candidats dans la journée.

Il ne faut pas non plus hésiter à rappeler brièvement en début de I/II/III les sous-parties A/B/C. La qualité de la problématisation et la structuration de l’argumentation sont les deux éléments qui distinguent un bon candidat d’un étudiant qui a simplement des connaissances grossièrement ordonnées : c’est ce qui fait facilement gagner des points.

 

La structuration des connaissances est le critère décisif pour se distinguer

Au sein de la colle, vos connaissances ne servent à rien si elles sont mal présentées. Elles doivent donc être introduites à chaque moment clef de la présentation, suivant un formalisme particulier : l’introduction, le développement et la conclusion.

 

Une introduction problématisée en 4 temps

Concernant l’introduction, elle suit toujours un ordre fixe en 4 temps : accroche (si vous en avez une), définition des termes du sujet/problématisation, énoncé explicite de la problématique et annonce de plan.

Il faut penser à la problématisation comme une manière d’introduire de la tension dans le sujet, c’est-à-dire de souligner son intérêt, qui aboutit à la formulation explicite d’une question, la problématique. Il y a toujours un petit paradoxe ou une opposition de concepts à relever, qui fera le travail de problématisation. Sur un sujet « comment mesurer la richesse » par exemple, un enjeu central est l’appréhension de mécanismes économiques par la comptabilité nationale (la comptabilité ne concerne en principe que les entreprises prises individuellement et ses méthodes sont transposables à une nation seulement par analogie, ce qui n’est pas sans poser problème). Si vous cernez « l’enjeu du sujet« , vous êtes déjà sur la bonne piste, il faudra ensuite l’appuyer dans un développement riche. La problématisation deviendra de plus en plus facile au fur et à mesure que vous avancerez dans la prépa : elle ne sort pas de nulle part mais de votre capacité à confronter différents modèles et théories, que vous apprendrez au cours de vos deux ans de CPGE.

 

Un développement riche et bien structuré

Concernant le développement, l’essentiel est bien-sûr d’avoir des connaissances mais surtout de les structurer. En effet, tous les candidats au concours auront les connaissances essentielles mais la différence résidera dans la manière de les présenter avec vos parties et de vos sous-parties.

Au sein des sous-parties, pour développer une idée, il est recommandé de suivre la présentation canonique : hypothèses du modèle ou de la théorie, présentation du modèle (équations ou graphique idéalement), prédictions et, si possible, confrontation des conclusions aux données empiriques.

Pour réussir une colle, il vous faut donc impérativement :

  • maîtriser le fonctionnement des modèles et des théories,
  • présenter des exemples d’application concrets (études de cas, statistiques),
  • problématiser le sujet puis structurer la présentation selon des concepts clefs.

Ainsi, en économie, il y a des ficelles qui peuvent vous aider à structurer votre plan : Etat/marché, offre/demande, court terme/long terme, théorique/empirique, sphère monétaire/sphère réelle, efficacité/équité, redistribution horizontale/redistribution verticale, keynésien/néoclassique, etc…

Comme l’économie est une discipline qui fait l’objet de recherches et que la recherche évolue en permanence, une astuce courante consiste à réfléchir en termes chronologiques lorsque vous confrontez les auteurs car les évolutions conceptuelles se font dans le temps, avec des économistes qui répondent les uns aux autres : Keynes qui s’oppose aux classiques, Friedman qui s’oppose à Keynes, les néokeynésiens qui s’opposent à Friedman, les nouveaux classiques qui critiquent les nouveaux keynésiens, etc… Bien-sûr, l’aspect chronologique ne doit jamais apparaître comme le fil rouge de votre raisonnement (vous mettrez l’accent sur les différences de modèles et de raisonnement) mais cela peut vous être utile au stade de votre préparation, pour structurer vos idées. Il ne faudra jamais annoncer un plan tel que I. Keynes II. Friedman, qui vous fera tout de suite tomber dans l’estime du jury, mais penser à faire des distinctions de concepts des auteurs. Par exemple, si votre sujet porte sur la prise de décision des agents économiques, vous pouvez opposer les esprits animaux (chez Keynes) aux anticipations adaptatives (chez Friedman) avec I. Les « esprits animaux » II. Les anticipations adaptatives.

 

Une conclusion qui ouvre des perspectives

Concernant enfin la conclusion, elle doit généralement être brève et reprendre les éléments présentés précédemment, en apportant une réponse tranchée à la question et, idéalement, en ouvrant sur un sujet d’actualité. Si vous n’avez pas d’ouverture, n’essayez pas d’en bricoler une : il vaut mieux finir sobrement qu’hors sujet.

 

Pour travailler l’ESH tout au long de l’année : des références utiles

Manuels

Vous devez ici vous référer à la bibliographie de votre professeur, chacun ayant ses préférences. Deux manuels sont néanmoins d’utiles références :

  • le manuel Economie, Sociologie, Histoire de A. Beitone, 2018, Armand Colin, en ligne via le portail Cairn (voir section suivante),
  • le Précis d’Econonomie d’Emmanuel Combes, autre ouvrage incontournable publié aux PUF, qui couvre de nombreux aspects du programme sous l’angle théorique.

 

Ressources en ligne

Il existe une myriade de ressources en économie qui peuvent vous être utiles dans votre prépa. N’hésitez pas à les utiliser en complément de vos cours. En particulier, la collection « Repères » est incontournable en ESH car elle couvre l’ensemble des sujets au programme de manière brève et synthétique. Vous pouvez y avoir accès via le site en ligne Cairn, un site auquel vous pouvez accéder via les ressources en ligne des bibliothèques (par exemple la Bibliothèque Sainte Barbe).

Vous trouverez sur ce site notamment un onglet « Repères » qui répertorie tous les ouvrages Repères parus et vous permettra d’y accéder directement sans avoir à les emprunter en bibliothèque. Vous avez également accès à certains ouvrages de la collection « Que sais-je? », tout aussi utiles.

 

Les ressources pour suivre l’actualité économique

Il faut comprendre qu’en plus des connaissances de cours, les examinateurs du jury seront sensibles à votre connaissance de l’actualité économique. Les sujets posés à l’oral (et à l’écrit) ne tombent pas du ciel et correspondent quasi-systématiquement à des sujets de débat contemporains.

Aussi, il vous est recommandé de consulter rapidement :

  • Le site du Conseil d’Analyse Economique (CAE), organisme de conseil rattaché au Premier ministre, dont les notes traitent de sujets économiques contemporains
  • Le site de l’OFCE, un organisme de conjoncture économique dépendant de Sciences Po

Si vous manquez de temps et voulez suivre l’actualité de la recherche économique pour faire une petite différence, lisez (ou abonnez-vous à la newsletter) « Cinq articles en cinq minutes » de la Paris School of Economics (PSE), qui présente brièvement quelques articles récents de ses chercheurs, suivant la méthode canonique en économie (hypothèses/modèles/prédictions et résultats empiriques).

Podcasts

Il est aussi possible d’écouter certaines émissions sur l’actualité économique pour gagner des références supplémentaires ou rester à jour de l’actualité, selon le temps dont vous disposez :

  • « Le débat économique », émission hebdomadaire avec Thomas Piketty (économiste) et Dominique Seux (journaliste économique) de débat sur les sujets économiques d’actualité, sur France Inter et disponible sur l’application de Radio France (durée moyenne de chaque émission : 15mn)
  • « Entendez-vous l’éco? », émission régulière de vulgarisation économique de qualité sur France Culture, disponible sur l’application de Radio France (durée moyenne de chaque émission : 50mn)
  • « Freakonomics », podcast hebdomadaire par l’un des coauteurs du livre Freakonomics, qui peut être une source d’exemples originaux pour vous démarquer (durée moyenne de chaque émission : 45mn)