Bac 2021 et Parcoursup : un bilan

Même s’il est passé la dernière année du lycée, le Baccalauréat est bien le premier grade universitaire et le premier diplôme du Supérieur. 2021 devait marquer l’avènement d’un nouveau baccalauréat. La crise sanitaire en a contrarié le déploiement. Mais la situation a surtout enrayé la procédure « Parcoursup », l’algorithme de classement des candidatures par lequel l’élève de Terminale reçoit des propositions d’affectation dans l’enseignement supérieur. Au-delà du bilan, quelles leçons peut-on en tirer pour l’avenir ?

 

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Le Bac 2021 est un bac d’un type nouveau, dont la capacité à changer la donne dans Parcoursup a sans doute été jusqu’ici insuffisamment prise en compte. On peut résumer ainsi les déplacements opérés par ce nouveau modèle de baccalauréat :

  1. Fin des séries : c’est un bac à la carte, censé permettre à l’élève d’améliorer ses résultats par un choix libre de ses spécialités
  2. 40% de contrôle continu : à la rentrée, un  « contrôle continu plein et entier » conduira à la suppression des « épreuves communes » en 2022
  3. Une nouvelle chronologie des épreuves, adaptée au calendrier de Parcoursup : 82% du Bac sera joué avant juin, là où, dans l’ancien baccalauréat, 75% restaient à passer
  4. « Grand oral » : obligatoire pour tous les candidats et comptant pour 10% du Bac, soit autant que le « Bac de Français » (ou EAF)

Avec 40% de l’examen en contrôle continu et 82% des résultats finaux obtenus avant les épreuves de juin, ce nouveau bac donne au dossier scolaire de l’élève une importance accrue, notamment dans Parcoursup. De nombreuses filières post-bac à admission directe ont d’ailleurs fait évoluer leurs modalités de sélection pour mieux tenir compte du dossier scolaire : les Sciences Po, typiquement, mais aussi médecine ou les doubles licences. Le dossier était déjà très regardé pour entrer en prépas (CPGE).

 

1ÈRE ÉDITION DU BAC 21 : QUEL RÉSULTAT ?

Il faut bien le reconnaître : les premiers effets du Bac 2021 dans Parcoursup ont suscité l’incompréhension, tant au niveau des familles et élèves, surpris par les réponses de l’algorithme, qu’à celui des prépas et universités sans boussole face aux candidatures.

L’IEP de Bordeaux et Sciences Po Paris ont ainsi servi de révélateurs du dysfonctionnement à venir de Parcoursup, parce qu’ils ont donné leurs résultats d’admissibilité en amont, 3 semaines avant le 27 mai. Mais là où l’on s’est interrogé sur les nouveaux critères d’admission des IEP, on aurait dû comprendre que le vrai problème était l’algorithme de Parcoursup : ce qui, pour le coup, concernait tous les élèves. La question de la notation des élèves, qui apparaît comme le talon d’Achille de Parcoursup depuis ses débuts en 2018, a pesé plus lourdement encore en 2021, au point d’enrayer le processus. L’algorithme a été dans l’incapacité de détecter les meilleurs profils quand les moyennes, toutes excellentes, n’ont plus varié que de quelques dixièmes de points … Ce qui a provoqué des injustices : beaucoup d’élèves cette année n’ont pas compris pourquoi ils n’ont pas eu l’établissement qu’ils convoitaient.

 

EXPLICATION CONJONCTURELLE

La première explication à ce dysfonctionnement est un facteur conjoncturel : c’est le cumul de l’effet d’inauguration du Bac en 2021 et de 15 mois de crise sanitaire.

  • Contrôle continu intégral et suspension des épreuves ponctuelles depuis deux années scolaires consécutives

Avec le Covid, les épreuves de spécialité ont été annulées puis remplacées par les moyennes des bulletins scolaires. Finalement, c’est 82% de la note finale qui ont été évalués en contrôle continu (au lieu des 40% prévus initialement) !

 

  • Cours et évaluation en distanciel, multiplication des devoirs à la maison, notation bienveillante, arbitrage du système par les élèves

Une des conséquences de la crise sanitaire a été d’imposer l’école à la maison. La suppression des devoirs sur table n’est pas anodine : « Les élèves mis en demi-jauge ont été évalués avec des devoirs maison, forcément notés plus larges », témoigne une enseignante d’histoire-géographie au Figaro étudiant. « J’observe aussi beaucoup de stratégie d’évitement. Les élèves ne viennent pas le jour du DST (devoir sur table) pour ne pas faire chuter leur moyenne et réclament ensuite un devoir maison pour la remonter. »

 

  • Responsabilité des établissements

Cette stratégie de nivellement par le haut des dossiers a pu aussi être mise en œuvre par les établissements pour compenser l’absence de continuité pédagogique (absentéisme des enseignants) et la diminution du volume des cours annuels qu’ont entraînées les mesures prises dans la crise sanitaire : demi-jauge en classe, cours synchrones/asynchrones, présence une semaine sur deux dans l’établissement, etc.

 

  • Exacerbation des clivages traditionnels (public/privé, Paris/province, « grands lycées » de centre-ville/établissements des villes moyennes et des banlieues)

En 2020, on avait déjà assisté à une hausse historique des taux de réussite (98,4% !) et des taux de mention (69,5 % contre 58,5 % l’année précédente) au bac général. Or, la plupart des lycées à prépas de centre-ville et de nombreux établissements privés avaient conservé une politique d’évaluation plus exigeante et comptaient sur les commissions du bac pour redresser les moyennes de leurs élèves. Cela n’a pas été le cas dans des proportions suffisantes pour rattraper la rigueur de leur notation. S’en est suivi un effondrement des taux de mention dans ces établissements et une très mauvaise publicité. Dès que le gouvernement a annoncé que le bac 2021 serait à nouveau passé essentiellement au contrôle continu, beaucoup d’établissements ont donc eu le réflexe de lâcher la bride.

 

Au bilan :

  • Une augmentation des notes de 30 à 40 % en 15 mois et des appréciations dithyrambiques

Les notes des bulletins ont été particulièrement élevées cette année dans toutes les disciplines, de même que les moyennes de classe (ceci découlant de cela). La hausse moyenne des notes de 30 à 40 % conjuguée à des appréciations dithyrambiques, tant l’accent a été mis sur les « appréciations positives », ont provoqué un resserrement des notes vers la note maximum.

 

  • Un bac 2021 record pour sa 1ère édition

Selon les résultats communiqués par le MEN, le taux de réussite au Baccalauréat a bondi de 88,1% en 2019 à 95,7% en 2020. Il culmine désormais à 97,6% pour le Bac voie générale (vs séries technologiques et vs Bac pro) en 2021.

 

 

  • Une évaluation démonétisée

Comment connaître le niveau réel d’un élève, quand les notes lui sont de moins en moins corrélées ? Surnoter revient toujours à pénaliser un élève. Cela laisse craindre des atterrissages douloureux en prépas, ou des échecs à l’entrée du supérieur sélectif (Sciences Po, par exemple), qui ne feront qu’accroître la défiance à l’égard des modes de sélection de ces formations d’excellence.

 

EXPLICATION STRUCTURELLE

La crise du Covid a surtout accentué une tendance déjà ancienne à l’inflation des notes dans le secondaire, qui a vu notamment la proportion de mentions « très bien » être multipliée par 12 entre 1997 et 2020, en passant de 1,4 % à 16,8 %.

En réalité, l’organisation du nouveau bac étrenné en 2021 ne peut que renforcer cette dynamique et donner des résultats spectaculairement hauts de manière pérenne, du niveau de ceux constatés dès sa 1ère édition.

  • Un Bac obtenu à 40% en contrôle continu

Les 40% du contrôle continu seront obtenus dès 2022 sans évaluations communes (fin des EC, ex-E3C), mais « en contrôle continu plein et entier ». Cette décision prise à l’été ne fera qu’inscrire durablement dans le paysage l’inflation des notes, au détriment d’un retour post-crise sanitaire à une politique de notation plus rigoureuse et plus conforme au niveau réel des élèves.

 

  • Un choix libre des enseignements de spécialité

Le choix des spécialités n’est plus commandé par la nature des séries du Bac (S, ES, notamment, qui n’existent plus), mais par l’appétence des élèves eux-mêmes. Or, les élèves tendent à prendre comme spécialités les matières dans lesquelles ils ont les meilleures notes, ce qui est naturel et caractéristique finalement de l’esprit de la réforme 2021 du Bac.

Certes, ce choix sera plus contraint pour les élèves qui souhaitent entrer en classes préparatoires, les CPGE se comportant en prescripteurs des spécialités (hors de question de ne pas avoir suivi les spécialités Maths et Physique-Chimie tout au long du lycée pour qui veut candidater en Maths Sup ou la Spé Maths pour qui veut faire une bonne prépa ECG).

Au bilan :

  • Il ne faut pas s’attendre à un retour au monde d’avant (moins tant le monde d’avant le Covid que celui de l’ancien Bac « Lang-Bayrou »)

 

  • La guerre des notes ne fait que commencer…

Si les notes de l’établissement remplacent les épreuves communes, la pression sur les notes risque d’être encore plus forte.

 

  • Cela compliquera aussi les admissions sur Parcoursup, car l’excellence risque de devenir plus difficile à identifier

 

LA CANDIDATURE VUE DU SUPÉRIEUR

A l’issue de la campagne 2021, qui s’est déroulée entre le 8 avril et le 6 mai, classes préparatoires et universités ont largement communiqué dans la presse sur leurs difficultés à évaluer les dossiers et sur leurs inquiétudes pour l’entrée dans le supérieur, en raison d’une double interrogation sur le niveau réel des candidats :

  • Aucune évaluation n’a été proposée de l’effectivité de la continuité pédagogique dans les établissements, alors que la probabilité était forte d’une couverture lacunaire des programmes

Comment évaluer le niveau des élèves à l’entrée dans l’enseignement supérieur, quand la majorité d’entre eux n’ont pas suivi l’ensemble de leurs cours, souvent donnés à distance, ou n’ont pas restitué tous leurs devoirs ? Dans les lycées, on admet avoir manqué de notes pour évaluer la progression des élèves. La continuité avec la première, notamment, ne s’est pas faite. Et beaucoup d’enseignants du supérieur s’inquiètent d’une probable baisse de niveau des étudiants.

 

  • L’inflation des notes au lycée a rendu les dossiers peu lisibles

 

NOS RECOMMANDATIONS

  1. Pour apprécier la valeur du dossier de son enfant, lorsque les notes convergent vers la note maximum, il faudra désormais raisonner en termes de rang dans la classe plus qu’en termes de moyenne obtenue par matière. Même un 15/20 n’est plus forcément une bonne moyenne en soi. C’est le sens de la formule de François Beckrich, proviseur du lycée Fermat, à Toulouse, lorsqu’il déclare qu’« Il faut dépasser le critère des notes », et regarder aussi « la manière dont une bonne moyenne a été atteinte. » Il faut désormais considérer toute moyenne, non absolument, mais relativement à la moyenne du meilleur, au rang dans la classe, voire aux écarts à la moyenne de classe, et même regarder l’homogénéité du dossier.

 

  1. Il faut rappeler l’importance capitale du dossier scolaire de l’élève dans le processus Parcoursup. Le dossier sera désormais regardé à la loupe, non seulement pour les résultats de l’élève (ses performances), mais aussi pour la qualité de son évolution depuis la classe de Seconde (sa trajectoire). Il faut donc commencer tôt à s’en soucier et travailler à le renforcer pour sortir du lot.

 

  1. Il ne faut pas hésiter, dans ce contexte, à se donner les moyens d’un accompagnement très complet, permettant de progresser, et préservé des effets de la crise sanitaire (accessible aussi bien en présentiel qu’à distance).

 

Ce sont ces recommandations qui guident nos stages et nos cycles.

  • Le premier objectif doit être d’accompagner l’élève pour renforcer le dossier, ce qui signifie lui permettre de couvrir l’intégralité des chapitres de l’année, en prenant en compte hétérogénéité des niveaux et déphasage des programmes entre les lycées, et l’aider à obtenir les meilleurs résultats possibles dans un contexte d’inflation des notes. Participent de cet objectif les stages ou cycles par matières :
    • Le stage « refaire son année de Spé maths Première » durant les vacances d’été
    • Les stages de pré-rentrée dans la plupart des disciplines
    • Les cycles de stages et/ou les cycles continus en Français et en Maths, Physique-Chimie, HGGSP, SES, Philosophie, Grand Oral

 

    • Le deuxième objectif doit être de lui permettre de reconstituer une évaluation objective du niveau acquis et des compétences validées, alors même que le resserrement des notes vers le haut désarme l’évaluation. Participent de cette ambition les certifications ou les formations comportant des indicateurs de performance (bulletins, grilles d’évaluation, bilan des compétences) :
      • nos stages de certification Cambridge ou en IA (intelligence artificielle),
      • nos « Summer sessions »,
      • nos stages trajectoires scientifiques, HEC ou médecine,
      • nos préparations aux IEP de région
      • notre plateforme numérique en Français 1ère.

     

    • Il ne faut pas négliger la composante extra-académique du dossier : c’est notre troisième objectif. Dans un contexte où le critère des notes n’est plus l’unique vecteur de l’appréciation d’une candidature, nous invitons à opter pour des formations qui donnent du sens au travail de l’élève et représentent des leviers de motivation et de maturité pour lui. Participent de ce projet toutes nos « prépas Sciences Po Paris », qui intègrent notamment la pratique des « soft skills », la découverte des activités associatives ou la prise de parole en public.

     

    • Enfin, c’est l’analyse que nous partageons aujourd’hui avec vous qui a guidé la transformation de notre classe annuelle de Terminale en une « classe pilote » ayant vocation à servir de tremplin pour entrer dans nos prépas (Maths Sup, HEC, IEP), parmi les meilleures en France. Notre « Terminale intégrée » est LA solution pour limiter les aléas de Parcoursup. Et c’est, en 2021, 100% de mentions B à TB et 70% de mentions TB.

     

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    Comme on dit de l’arbre qu’il cache la forêt, il ne faut pas croire que les désordres constatés cette année disparaîtront à mesure que la crise sanitaire s’évacuera. Beaucoup des évolutions constatées ces 15 derniers mois témoignent d’un changement profond de paradigme induit par le nouveau Bac 2021, manifestement plus favorable aux élèves, mais dont les effets, à ce stade, perturbent l’algorithme de Parcoursup.


    Fort d’une expertise de plus de 40 ans, le Groupe IPESUP s’attachera, comme il le fait déjà depuis quelques trimestres, à comprendre précisément les incidences de cette réforme. Animé par le souci de l’excellence, il reste attentif et mobilisé à vos côtés pour continuer à vous offrir accompagnement et réussite.