Du collège vers la Seconde : la procédure Affelnet, entre promesses et désillusions

Affelnet est le logiciel gérant l’affectation de l’ensemble des collégiens de Troisième dans les lycées publics français.

Cette application nationale permet le recueil et le traitement des dossiers des futurs lycéens avec un objectif affiché de mixité sociale, de transparence et d’équité.

Chaque collégien y saisit des vœux pour le lycée selon une procédure et un calendrier définis par les académies. Bien comprendre cette procédure peut éviter des erreurs de saisie dans la formulation des vœux entrainant un mauvais calcul du barème d’affectation et donc potentiellement un lycée potentiellement qui ne figure pas dans les premiers vœux.

Or, le choix du lycée est dimensionnant dans la construction du jeune adulte qui y accède. C’est au lycée qu’il développera les acquis académiques nécessaires à la poursuite de ses études mais c’est aussi là que sa personnalité se façonnera au contact des autres élèves et de ses professeurs.

De plus, le contrôle continu et le développement des recrutements sur dossier par certaines filières du supérieur imposent à l’élève un socle académique solide s’il souhaite poursuivre ses études.

La procédure d’affectation dans les lycées est à ce titre primordiale.

Tous les lycées publics français sont régis par l’application Affelnet.

Les lycées privés sous contrat sont également intégrés au logiciel. Les élèves scolarisés dans un établissement public demandant des formations en lycée privé sous contrat doivent saisir en premier vœu le lycée correspondant dans l’application Affelnet.

Les lycées hors contrat tel que celui d’Ipesup ne sont en revanche pas intégrés dans cette application et peuvent être sélectionnés en toute liberté. Les candidatures sont soumises directement au lycée.

 

Règles d’affectation dans les lycées parisiens en 2022

Pour les lycées parisiens, la procédure de saisie des vœux a débuté le 9 mai et se terminera le 31 mai 2022.

Chaque élève peut formuler jusqu’à 10 vœux qu’il doit classer par ordre de préférence. Le logiciel calcule simultanément le barème de l’élève pour chaque lycée choisi puis les propose dans l’ordre des préférences indiquées par l’élève. Par exemple, un élève se voyant proposé son choix n°1 ne pourra pas se voir proposé ultérieurement les lycées en position 2 ou 3.

Il faut donc bien définir ses priorités.

Chaque critère pris en compte à Paris pour les affectations en lycée attribue un nombre de points dont le total constitue le barème d’affectation. Les critères sont :

  • Le secteur géographique (avec un maximum de 32 640 points)
  • Les résultats scolaires (avec un maximum de 9 600 points)
  • La situation sociale de l’élève (statut de boursier avec 600 points) et de son collège (0, 600 ou 1200 points selon IPS – indice de position sociale)
  • Eventuellement le rapprochement de fratrie

 

1- Le secteur géographique

Les lycées sont répartis en 3 niveaux selon leur proximité géographique avec le collège de secteur dont dépend le domicile de l’élève.

  • Le secteur 1 comprend 5 lycées situés au maximum à 25 minutes de transport du collège de secteur. A ces 5 lycées, s’ajoutent les lycées Emile Dubois, Pierre Gilles de Gennes, Henri IV et Louis le Grand qui sont en secteur 1 pour tous les élèves. Les vœux formulés pour ces lycées ouvrent droit à un bonus de 32 640 points.
  • Le secteur 2 comprend les lycées situés à moins de 40 minutes du collège de secteur. Les vœux formulés pour ces lycées ouvrent droit à un bonus de 17 760 points.
  • Le secteur 3 comprend tous les autres lycées parisiens. Les vœux formulés pour ces lycées ouvrent droit à un bonus de 16 800 points.

 Le rectorat de Paris a publié la répartition des lycées en fonction du collège de secteur.

 

Choix du lycée : les paramètres-clés

Pour bien choisir son lycée, il est impératif d’examiner les enseignements de spécialités par lycée afin de s’assurer que les enseignements souhaités y soient proposés.

De la même manière, il faut vérifier que les langues ou options suivies au collège et/ou voulues au lycée pourront être poursuivies ou envisagées dans un autre établissement (enseignement inter-établissements).

La carte publiée à ce jour par l’académie de Paris présente les enseignements de spécialités par lycée à la rentrée 2021. 

L‘académie de Paris propose par ailleurs de nombreuses formations à recrutement spécifique via une plateforme dédiée : des sections internationales, orientales et binationales, des parcours artistiques (musique/danse/théâtre) et sportifs d’excellence, les séries technologiques S2TMD, STD2A et STHR, les classes SciencesPo et SciencesCo du lycée Henri Bergson, ainsi que les lycées Louis le Grand et Henri IV pour les élèves non-domiciliés et/ou non-scolarisés en Troisième à Paris.

 

2 – Deuxième critère pour Affelnet, les résultats scolaires sont pris en compte avec :

  • Le bilan établi à la fin de la Troisième attestant de la maîtrise des 8 composantes du socle commun de connaissances, de compétence et de culture dans le livret scolaire unique de l’élève (maximum 4 800 points)
  • Les résultats des évaluations périodiques de la classe de Troisième dans les différentes matières regroupées en catégories (Français, Mathématiques, Histoire-géographie et Enseignement Moral et Civique, Langue Vivante, Education Physique et Sportive, Arts et enfin sciences-technologie et découverte professionnelle – maximum 4 800 points).

Affelnet est ainsi fondé sur un calcul de points beaucoup moins riche qu’un bulletin scolaire que des professeurs ont pris le temps de remplir avec moyennes précises et appréciations. Le logiciel lisse les différences entre les matières et le niveau des élèves, attribuant des comptes de points similaires à un dossier qu’il soit bon ou excellent.

 

3 – Troisième critère : la situation sociale de l’élève et de son collège

La situation sociale de l’élève est prise en compte s’il est boursier. Le statut de boursier donne droit à un bonus de 600 points.

La situation sociale du collège de provenance est quant à elle évaluée par le calcul de son IPS (Indice de Position Sociale). L’IPS est un outil de mesure quantitatif de la situation sociale des élèves face aux apprentissages dans les établissements scolaires français. Plus l’indice est élevé, plus l’élève est considéré comme évoluant dans un contexte familial favorable aux apprentissages. A chaque profession et catégorie socio-professionnelle correspond un IPS. Selon les professions indiquées par les parents au collège, ce collège se voit ainsi attribué un IPS moyen qui sera utilisé par Affelnet pour l’ensemble de ses collégiens.

Si l’IPS du collège est inférieur à la moyenne nationale (106,1), tous les élèves de ce collège (quel que soit l’IPS de leurs parents) bénéficieront d’un bonus de 1 200 points.

Si l’IPS du collège est inférieur à la moyenne académique (124), tous les élèves bénéficieront d’un bonus de 600 points.

Les élèves scolarisés dans les établissements avec un IPS supérieur à la moyenne académique ne bénéficient d’aucun bonus.

Ainsi l’IPS caractérise collectivement le niveau social des collégiens. Une famille modeste scolarisant son enfant dans un collège avec un IPS élevé ne bénéficiera d’aucun bonus. Même si ce collégien est excellent, il ne pourra rivaliser avec un élève ayant un niveau moyen issu d’un collège dont l’IPS donne un bonus de 1200 points.

L’algorithme comprend ainsi un effet pervers mettant à mal la sélection au mérite qui a pourtant toujours permis à chaque enfant d’avoir ses chances au sein de l’école de la République, s’il fournissait les efforts nécessaires.

 

Calendrier Affelnet de l’académie de Paris

 

Calendrier AFFELNET de l’académie de Paris 

 

Bilan 2021 : l’objectif de transparence n’est pas atteint 

De nombreux parents d’élèves ont évoqué dans la presse leur incompréhension suite aux affectations en juillet 2021. Outre le stress des familles, ils ont regretté que certaines affectations ne correspondent pas à leurs souhaits en terme d’éloignement du domicile mais aussi de choix d’enseignements de spécialité. Le barème leur semblait opaque et ils estimaient que le poids des notes était minoré par la méthode de prise en compte des résultats scolaires.

Un comité de suivi de la réforme Affelnet à Paris piloté par Julien Grenet et composé de représentants de l’académie, de fédérations de parents d’élèves, de chefs d’établissements, d’enseignants, d’élus, d’élèves et de chercheurs a dressé un bilan pour 2021.

Ce bilan indique une amélioration du taux d’affectation à l’issue du premier tour avec 96,8 % des candidats affectés dès le premier tour en 2021 contre 94,7% en 2020. Les taux de satisfaction des vœux sont également en hausse avec 85,1% des élèves ayant eu un de leur 3 premiers choix (contre 80,1% en 2020).

Il faut noter que 71,8% des boursiers ont eu leur premier vœu alors que le taux n’est que de 55,1% pour les non-boursiers.

Ainsi la mixité scolaire s’est accrue avec un niveau scolaire moyen des admis dans certains lycées qui s’améliore comme par exemple dans les lycées Edgar Quinet, François Villon, Camille Sée ou Henri Bergson.

De même, la mixité sociale est renforcée avec un niveau social moyen des admis plus élevé dans de nombreux lycées dont par exemple les lycées Henri Bergson, Edgar Quinet, Villon ou Paul Valery.

En complément, même si la proportion de l’Indice de Position Sociale (IPS) ne représente que 2,76% du barème maximal pour un élève non-boursier, le rapport précise que la proportion des élèves affectés sur leur premier vœu est très différente selon l’IPS. Elle est de 72% si le bonus IPS est maximal alors que cette proportion est de 46% pour un bonus IPS nul. Cet indice fait donc la différence.

D’après les conclusions de ce comité de suivi, le bilan global des ajustements de 2021 est donc positif au regard des objectifs affichés par l’académie. Il faut néanmoins considérer la perception de certains parents déçus pour leur enfant ayant suivi leur scolarité dans un collège et ne pouvant poursuivre dans le lycée du même établissement malgré un très bon niveau scolaire.

En conséquence, avec les paliers de notes qui empêchent les excellents élèves de se démarquer et le bonus IPS sans lien avec la qualité propre de l’élève, l’entrée dans certains lycées « renommés » devient aléatoire.

Affelnet est bien un outil de mixité sociale mais ne considère plus l’élève individuellement. Le travail d’appréciation des professeurs sur la qualité et le potentiel des élèves n’y est pas considéré.

Le recours à un algorithme, qui devient la norme en France pour l’entrée au lycée comme pour l’accès à l’enseignement supérieur, est déploré. 

Chaque parent a en effet à cœur de proposer à son enfant la meilleure éducation possible pour lui permettre de rejoindre la filière du supérieur qu’il souhaite et lui donner les atouts pour faire face aux enjeux de demain.

Le contrôle continu inclus dans le baccalauréat, les évolutions des modes de sélection du supérieur accordant une part de plus en plus importante au dossier mais aussi le développement des Bachelors après le baccalauréat nécessitent une qualité d’offre d’enseignement académique dans le secondaire de bon niveau avec une continuité pédagogique sans faille tout en permettant l’épanouissement de l’élève.

Au-delà du socle académique, le supérieur sélectionne également sur les compétences douces appelées aussi soft skills, les qualités acquises dans des activités extrascolaires ou encore les compétences en langues vivantes. Autant de propositions que regardent attentivement les parents soucieux d’offrir à leur enfant les clés pour une vie professionnelle équilibrante.

C’est à partir de ce constat et fort de son expérience dans la préparation aux filières sélectives du supérieur que Ipesup a décidé cette année de développer un curriculum unique et innovant pour des classes de Seconde au sein de son lycée.

 

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