Baccalauréat de français 2023 : Comment préparer efficacement l’épreuve orale ?

Elèves de Première générale ou parents d’élèves, vous vous demandez comment préparer l’oral de français efficacement ? Marie, enseignante agrégée, vous propose des pistes de travail.

 

Pour certains élèves, mais plus encore pour leurs parents, le format de l’oral reste souvent un peu mystérieux : en quoi consiste exactement l’épreuve orale de français aujourd’hui ?

L’oral de français a lieu fin juin-début juillet et consiste en une épreuve de 20 minutes, divisée en trois exercices : l’explication d’un texte étudié en classe pendant l’année (10 minutes – 10 points), le traitement d’une notion de grammaire appliquée à un passage du texte (2 minutes – 2 points), et la présentation d’une œuvre choisie par l’élève, en lien avec les œuvres étudiées pendant l’année et leurs parcours associés, présentation qui doit aboutir à un dialogue entre le/la candidat(e) et l’examinateur ou l’examinatrice (8 minutes – 8 points). Cette épreuve est précédée de 30 minutes de préparation, au cours desquelles les élèves n’ont droit qu’à leur texte vierge et à un brouillon dont ils disposent ensuite lors de l’exposé.

 

Des qualités particulières sont-elles attendues pour réussir cet oral ?

Tout d’abord, il faut évidemment avoir une attitude sérieuse et adéquate : porter une tenue correcte, apporter les documents exigés (sa convocation et sa pièce d’identité, la liste des textes étudiés pendant l’année, tous ses textes vierges, non annotés et classés dans l’ordre, en double exemplaire, dans un classeur spécifique), être ponctuel et poli…

Bien sûr, il est aussi très important d’avoir une bonne expression orale, c’est-à-dire un vocabulaire adapté et précis, ni trop familier ni trop général, une élocution claire, un débit agréable, c’est-à-dire ni trop rapide, ni trop hésitant etc. Certains élèves sont naturellement à l’aise à l’oral et sont donc avantagés, mais on peut progresser facilement en s’entrainant régulièrement. Par exemple, il peut se révéler très utile de s’enregistrer sur son téléphone ou de se filmer en se faisant soi-même passer une sorte d’oral blanc. C’est assez désagréable, mais cela permet de prendre rapidement conscience de ses défauts (élocution trop rapide, euh.. appuyés à chaque fin de phrase, tics langagiers : « du coup », « donc », « et »…) afin de les corriger.

Enfin, on attend des candidats qu’ils soient réactifs lors de la phase de dialogue et d’entretien : on veut voir s’ils sont capables de prendre en compte les remarques qui leur sont faites, d’argumenter ou de nuancer un point de vue, de rebondir sur une question invitant à étayer la discussion… Il faut éviter absolument de se montrer à court d’idée et de répéter « je ne sais pas », ou de se contenter d’affirmer qu’on a trouvé ce livre « très intéressant » sans justifier son opinion. On peut s’entraîner à cet exercice en discutant simplement avec ses ami(e)s ou ses proches.

Mais en dehors de ces qualités, plus ou moins naturelles et toujours perfectibles avec de l’entrainement, la réussite de l’oral dépend surtout du travail fourni par l’élève. Depuis la réforme, le candidat ou la candidate a en effet toutes les cartes en main pour préparer très solidement l’épreuve et minimiser ainsi les risques d’échecs dans les trois exercices.

 

Comment préparer au mieux la première partie de l’épreuve, l’explication linéaire ?

L’explication linéaire porte sur un texte étudié en classe avec le/la professeur(e) : soit il est extrait de l’œuvre intégrale étudiée, soit tiré d’une œuvre qui correspond à la thématique du parcours associé à cette œuvre. Par exemple, si l’élève étudie en classe La Peau de Chagrin, les textes appartenant au genre du roman seront soit tirés de cette œuvre de Balzac (3 textes), soit tirés d’un autre roman que le professeur aura jugé correspondre au parcours « Romans de l’énergie : création et destruction » (2 textes). Une écoute attentive et une participation soutenue en classe doivent donc permettre, après l’étude de cet extrait, d’obtenir une étude linéaire complète. L’élève peut aussi refaire une synthèse si cela lui paraît utile, afin d’avoir une « fiche » claire à apprendre par cœur. Celle-ci doit à la fois comporter une introduction efficace présentant l’œuvre, l’auteur, l’extrait, le contexte d’écriture, le thème du passage, annonçant les mouvements du texte (le plan) et indiquant la problématique ; des analyses précises (figures de style, ponctuation, temps verbaux, champs lexicaux, rythme…) démontrant l’idée indiquée dans le titre de chaque mouvement et nourrissant l’explication ; et une conclusion claire, récapitulant la démonstration et contenant si possible une ouverture. À la fin de l’année, si l’élève connait parfaitement ces 20 explications il/elle aura toutes les chances de réussir la première partie, notée sur dix points.

Pour vérifier sa maîtrise de l’extrait, on peut s’entraîner à partir du texte vierge, en se laissant une quinzaine de minutes de préparation pour l’annoter et indiquer au brouillon ses idées principales, puis « improviser » cette explication en se filmant. Cela permet de vérifier d’une part qu’on respecte le temps imparti (10 minutes), que l’on ne parle ni trop longtemps ni trop peu, et d’autre part que son explication est à la fois claire et intéressante, c’est-à-dire qu’il ne s’agit ni d’une reformulation générale et vague ne s’appuyant sur aucune analyse, ni au contraire d’un catalogue de procédés (vers 1 : métaphore, vers 2 : chiasme, vers 3 : allitération…) qui serait sans intérêt s’il ne permettait pas de démontrer quelque chose sur le texte et de servir une interprétation.

Enfin, il faut s’entrainer en même temps à bien lire le texte, en respectant la ponctuation, les liaisons, le rythme du vers dans le cas de la poésie, les intonations particulières pour des textes de théâtre etc. La lecture fait partie de l’évaluation : il est donc très important de la préparer, car l’improviser est très difficile.

 

 

Qu’en est-il ensuite de la « question de grammaire » ?

La « question de grammaire » est notée sur deux points et dure 2 minutes environ. L’examinateur ou l’examinatrice demande au candidat ou à la candidate de traiter une des notions de grammaire au programme de Première (l’interrogation, la négation, les subordonnées circonstancielles) ou de Seconde (les accords entre le sujet et le verbe, les valeurs verbales, les relations au sein de la phrase complexe, les subordonnées relatives) à partir d’une phrase tirée du texte commenté dans la première partie de l’épreuve. On pourrait par exemple demander d’étudier la négation dans cette phrase tirée des Caractères de La Bruyère : « On ne tarit point sur les Pamphiles : ils sont bas et timides devant les princes et les ministres ; pleins de hauteur et de confiance avec ceux qui n’ont que de la vertu ; muets et embarrassés avec les savants ; vifs, hardis et décisifs avec ceux qui ne savent rien. » 30 minutes de préparation étant accordées aux candidats, ceux-ci ont le temps d’effectuer cette analyse.

Là encore, il importe d’être concentré(e) en classe pendant les deux années de lycée et de bien réviser toutes les notions. Il faut maîtriser le vocabulaire technique et les spécificités de chaque catégorie grammaticale (par exemple dans le cas de la négation, savoir mobiliser les catégories de corrélation, de négation totale ou partielle, lexicale ou syntaxique, savoir distinguer un adverbe de négation d’un déterminant ou d’un pronom négatif…) Tout cela ne s’improvise pas : il faut apprendre et s’entraîner !

 

Nous arrivons à la dernière partie de l’oral : l’entretien. Comme il s’agit d’un dialogue avec l’examinateur ou l’examinatrice, j’imagine que cet exercice se prépare beaucoup moins ?

Au contraire ! Cet exercice, évalué sur 8 points, dure 8 minutes environ. D’abord, l’élève présente une œuvre de son choix parmi l’une des quatre œuvres intégrales étudiées pendant l’année, ou parmi l’une des œuvres proposées par le/la professeur(e) en lien avec le parcours associé à l’œuvre intégrale, et lues par l’élève de façon autonome (en « lecture cursive », c’est-à-dire sans être étudiée en classe). Cette présentation doit être concise mais efficace : présenter le contexte et le résumé de l’œuvre de façon claire et synthétique, puis expliquer rapidement les raisons pour lesquelles cette œuvre nous a séduit(e), interpellé(e), intéressé(e). Ces arguments peuvent être thématiques (le sujet m’intéresse), esthétiques (le style de l’auteur(e) m’a touché(e), le rythme de l’œuvre m’a captivé(e)…), politiques, philosophiques ou moraux (les questions abordées par l’œuvre m’ont intéressé(e)) etc. Il importe donc de préparer efficacement sa liste d’arguments. En effet, même si l’on n’a pas le temps de les développer dans la présentation, il y a de fortes chances pour que l’examinateur ou l’examinatrice nous invite à revenir sur ces raisons rapidement mentionnées afin de les approfondir. La critique de l’œuvre gagne donc à être préparée pour être solide. Enfin, elle peut être étayée par l’intégration de ressources qui lui sont liées (adaptations théâtrales ou cinématographiques, expositions ou documentaires…)

C’est là notamment que les parents peuvent apporter leur aide à leur enfant : même sans avoir lu l’œuvre (il arrive que l’examinateur/l’examinatrice soit aussi dans cette situation), ils peuvent mesurer la clarté et l’intérêt de la présentation. On peut enfin inviter son enfant à approfondir son argumentation en le relançant par des questions variées.

 

En quoi Ipesup peut-il aider les élèves qui se sentiraient peu à l’aise avec ces exercices ou auraient le sentiment de manquer de ressources et d’entrainements ?

Ipesup a développé un stage spécifique de préparation de l’oral intitulé  « objectif oral de français ». Il s’agit d’une formation dédiée à la préparation de l’oral, comprenant d’une part un cours collectif de 3h destiné à transmettre les techniques de l’épreuve, et d’autre part l’accès à la partie « oral » de la plateforme Libris qui propose des exemples commentés, des vidéos rappelant le format et les attendus de l’épreuve, et surtout des cours de grammaire avec des exercices pour s’entrainer en ligne sur toutes les notions du programme. Enfin, cette préparation débouche sur un oral blanc en conditions d’examen proposé en mai ou en juin, en présentiel à Paris. Cette partie « oral » de la plateforme Libris peut également être achetée seule pour une révision efficace des points de grammaire, et un rappel complet du format de l’épreuve.

Par ailleurs, pour les élèves qui suivent une formation continue avec Ipesup (« Cycle continu 100% présentiel »  tous les samedis après-midis, ou «  Parcours coaché Libris » à distance) l’accès à la partie « oral » de la plateforme Libris ainsi que des entrainements sont intégrés.